L’agence américaine de notation financière internationale, Fitch Ratings, a révisé à la baisse les perspectives de la note souveraine tunisienne, la rétrogradant de stable à négative, tout en maintenant la notation «B», dans son rapport publié hier, lundi 23 novembre 2020. L’agence a, par ailleurs, donné des prévisions et des recommandations.
«Les perspectives négatives reflètent une aggravation des risques de liquidité budgétaire due à une forte détérioration des finances publiques, suite à la crise de la pandémie de coronavirus», a indiqué l’agence, précisant que le déficit budgétaire se creusera pour atteindre 10,5 % du PIB en 2020, contre 3,3 % en 2019.
Fitch Ratings a, d’autre part, souligné qu’une partie des prêts extérieurs officiels sont directement ou indirectement liés à un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) et que tout retard supplémentaire dans la conclusion d’un accord avec cette institution pourrait compromettre le plan de financement du gouvernement pour 2021, qui repose sur des crédits extérieurs nets de 8 % du PIB.
L’agence rappelle, dans le même contexte, que la Tunisie doit faire face aux échéances de deux obligations de 500 millions de dollars, garanties par les États-Unis, en 2021 et que la volonté des créanciers officiels de reconduire ces garanties est incertaine.
«Nos prévisions supposent un accord à court terme sur un programme du FMI, mais la persistance d’une forte opposition sociale aux réformes budgétaires ainsi que la fragilité et l’hétérogénéité de la base de soutien du gouvernement au Parlement signifient que les risques de mise en œuvre restent élevés», développe Fitch Ratings, tout en rappelant que les résultats de la Tunisie après les deux précédents accords avec le FMI avaient été mitigés.
«Fitch ne nous apprend rien sur les dérapages de notre déficit budgétaire, sur la détérioration de nos finances publiques, sur la dégradation de l’environnement macroéconomique, sur l’incapacité du marché financier intérieur à répondre aux besoins de financement du budget, sur la difficulté (sinon l’impossibilité) de sortir sur le marché international, à des conditions, de coût, de durée et de montants, acceptables. Elle ne nous apprend rien sur notre paysage politique fragmenté, ni sur nos revendications sociales ancrées. Elle nous rappelle simplement que rien ne pourra être fait sans un accord avec le FMI, que les augmentations salariales généreuses ne pourront pas continuer indéfiniment en dehors de toute création de richesses et que le pays ne pourra pas continuer à occulter les réformes économiques indispensables. Le sens de la responsabilité exige que la classe politique prenne enfin conscience de tout cela et se mette au travail, le vrai, celui des réformes et du redressement», a commenté Radhi Meddeb, homme d’affaires et économiste, via un statut Facebook.
Rappelons qu’en mai dernier, la Tunisie a vu sa note dégradée à «B» par l’agence de notation du fait de l’aggravation des déséquilibres macroéconomiques persistants et de la détérioration des trajectoires de la dette extérieure et de la dette publique.
C. B. Y.
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