Chokri Belaïd, dirigeant de gauche, défenseur des droits de l’homme et fervent opposant à l’intégrisme religieux et au parti islamiste Ennahdha, aurait fêté ses 56 ans, aujourd’hui, jeudi 26 novembre 2020, s’il n’avait pas été lâchement assassiné, par des extrémistes religieux, un triste et inoubliable mercredi 6 février 2013…
Par Yûsra Nemlaghi
Avocat de son état, Chokri Belaïd, né le 26 novembre 1964 à Djebel Jelloud (Tunis) a fait ses premiers pas dans le militantisme au sein de l’Union générale des étudiants de Tunisie, dont il avait élu membre du bureau exécutif au 18e congrès extraordinaire, devenant rapidement chef de la mouvance des patriotes démocrates à l’université.
Chokri Belaïd, le combattant de la liberté
A l’âge de 23 ans, il a été incarcéré à la prison de Rjim Maatoug, au sud de la Tunisie, en avril 1987, sous le régime du président Habib Bourguiba, pour son activisme politique en milieu universitaire, avant d’être relâché 7 mois plus tard, suite à la prise du pouvoir par Ben Ali.
Chokri Belaïd, qui a poursuivi ses études de troisième cycle à l’université Paris-VIII, en France, est devenu un fervent défenseur des droits de l’homme, plaidant notamment les procès politiques, sous le régime dictatorial de Ben Ali.
En 2008, il s’est engagé dans l’affaire de Gafsa, en dénonçant la répression des manifestants et l’arrestation de mineurs suite de ce mouvement social. Il dirigea, notamment, le groupe d’avocats chargés de défendre les jeunes du bassin minier, qui dénonçaient la corruption et la dictature, entre autres abus.
Fervent opposant aux extrémistes religieux et au parti islamiste Ennahdha
Au lendemain de la révolution de 2011, Chokri Belaïd, membre du Conseil de l’ordre national des avocats de Tunisie, rejoint la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, avant d’obtenir, en mars de la même année, une autorisation pour son parti politique, le Mouvement des patriotes démocrates.
En septembre septembre 2012, il crée le Parti unifié des patriotes démocrates (Watad), avec d’autres militants de gauche qui s’oppose fermement aux extrémistes religieux, et au parti islamiste Ennahdha, qui avait alors accédé au pouvoir à l’issue des élections du 23 octobre 2011, tout en alertant l’opinion contre la montée du terrorisme, et en reprochant au parti présidé par Rached Ghannouchi sa complaisance à l’égard de ces mouvements extrémistes.
Dénonçant avec virulence l’extrémisme religieux en Tunisie, il le désigne comme un « projet salafiste servant un plan de déstabilisation américano-qatari-sioniste» et ses déclarations lui ont valu de nombreuses intimidations et de sérieuses menaces de mort et le 2 février 2013, soit 4 jours avant son assassinat, des extrémistes religieux ont investit la salle où se tenait le congrès régional du Watad (unifié) au Kef et ont agressé plusieurs participants.
Lâchement assassiné par des extrémistes religieux
Au matin du 6 février 2013, Chokri Belaïd a été tué par balles par des extrémistes religieux, membres de l’organisation terroriste Ansar Charia, alors qu’il sortait de son domicile. Cet assassinat politique, qui a fait couler autant d’encre que de larmes a déclenché des manifestations dans tout le pays, appelant notamment à écarter Ennahdha du pouvoir.
Son enterrement qui a rassemblé plus d’un million de Tunisiens a probablement été l’un des plus grand moment d’émotion et de ferveur patriotique en Tunisie.
Chokri Belaïd a laissé deux fillettes Nayrouz et Nada, ainsi que des compatriotes et des camarades inconsolables et qui appellent depuis sept ans à dévoiler les dessous de cet assassinat, notamment de poursuivre les commanditaires.
Sept longues années se sont écoulées depuis ce drame, et Chokri Belaïd, qui aurait fêté ses 56 ans, aujourd’hui, demeure vivant dans le cœur de tous ceux qui l’ont connu…
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