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Dix ans après la révolution tunisienne : Témoignage de Leila, la sœur de Bouazizi, installée au Canada

«Les gens étaient contre nous. Ils propageaient des rumeurs selon lesquelles on aurait profité de la révolution et qu’on aurait pris beaucoup d’argent. C’était devenu invivable en Tunisie !», indique Leila Bouazizi, sœur cadette de Mohamed Bouazizi, le jeune homme qui s’est immolé par le feu, le 17 décembre 2010 (avant de rendre l’âme le 4 janvier 2011) à Sidi Bouzid, déclenchant ainsi l’étincelle de la révolution tunisienne.

Dans une interview accordée ce jeudi 17 décembre 2020 à Radio Canda, à l’occasion du 10e anniversaire de la révolution tunisienne, Leila Bouazizi est revenue sur son départ à Montréal et les raisons qui l’ont poussée, elle et sa maman à quitter la Tunisie

«C’était devenu invivable en Tunisie! Nous étions menacés par des voisins, ainsi que des membres de l’ancien régime», dit-elle en rappelant qu’après la révolution, pour fuir les représailles, la famille Bouazizi a déménagé dans un autre quartier de Sidi Bouzid, avant de louer une maison dans un quartier populaire de Tunis. «Mais les menaces et les rumeurs n’ont jamais cessé», a-t-elle déploré.

C’est ainsi qu’elle décide de quitter le pays, en 2011, pour se rendre au Canada, où elle a étudié à l’École des métiers de l’aérospatiale avant de décrocher un diplôme en technique d’usinage. «J’ai fait un stage dans une société et j’ai eu la chance d’être directement embauchée», dit-elle fièrement.

Elle décide ensuite de ramener sa maman et autres membres de la famille auprès d’elle : «Ils faisaient l’objet de menaces, et je m’inquiétais pour eux. Depuis 2014, ils ont pu obtenir le statut de réfugiés au Canada», poursuit Leila Bouazizi, en déplorant les commentaires de certains de ses patriotes, qui affirmaient que la famille Bouazizi a provoqué un chaos au pays avant de s’enrichir pour partir au Canada.

«Au début j’étais fière, nous avons changé quelque chose en Tunisie : on peut voter, choisir le président, parler et manifester. Mais le chômage est élevé et l’économie est faible. Il n’y a pas d’avenir aux jeunes en Tunisie et ça me fait mal», a déploré pour sa part la maman.

Leila et sa maman se disent heureuses au Canada, mais déchirées, car un frère et une sœur, qui n’ont pas pu obtenir le statut de réfugiés, demeurent en Tunisie…

Y. N.

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