Dans son documentaire ‘‘Le Temps qui passe’’, projeté à l’ouverture de la 31e édition des Journées cinématographiques de Carthage, dans la soirée du vendredi 18 décembre 2020, Sonia Chamkhi revient sur l’une des plus belles rencontres du cinéma tunisien, celle ayant réuni pour la vie l’actrice grecque Hélène Catzaras et l’acteur tunisien Ahmed Senoussi. «Un amour fou, un amour vrai, un amour sans limites», écrira le poète Ali Ouertani dans ce billet d’hommage.
Par Dr Ali Ouertani *
Ce soir j’ai failli craquer… devant cette dame, une grande actrice, belle et douée, cultivée et si douce, aimante et généreuse de mots gentils, d’amitié, mais tellement humble… l’humilité de nos jours est rare…
Hélène Catzaras est une artiste à part. Nous nous connaissons depuis plus de 30 ans et je n’arrive toujours pas à la tutoyer. Son défunt mari, l’acteur Ahmed Senoussi, nous quittés il y a quelques années. Une grande perte pour le cinéma, la télévision et même pour le théâtre. Ahmed aussi était un grand ami que je voyais avec un énorme plaisir tellement l’homme était drôle et d’une culture sans limite, sans parler de son authenticité. C’était de là qu’il tirait sa force.
Ils se sont aimés, aimés vraiment, aimés «à perdre la raison», aimés non pas comme on aime au cinéma mais comme on aime dans les livres, dans l’histoire, dans la littérature. Amour fou, amour «vrai», amour sans limites, à tel point que Hélène dut choisir entre le succès artistique et élever ses enfants préférant la famille car Ahmed était un mari et un homme, un vrai. Il méritait bien qu’elle se sacrifiât pour lui. L’entente tout le long de leur vie commune ne connut que de belles choses. J’en étais témoin.
Sonia Chamekh nous a gratifiés d’un court métrage émouvant où Hélène de bout en bout décrit leur amour, son admiration pour cet homme du Kef qui venait la prendre par la main dans le jardin discret de la Cathédrale orthodoxe de la rue de Rome…
Hélène cette fois-ci ne jouait pas un rôle, sinon celui de sa vraie histoire d’amour avec une sincérité sans limite… Son texte est chargé d’émotion, une émotion communiquée avec sa pudeur bien connue…
L’homme émerge à chaque fois dans le film tel un prince beau et fort tandis que les mots d’Hélène et ses déclarations d’amour qui jaillissent de sa voix, de ses regards, de ses souvenirs nous prennent dans les tripes… Et quand à la fin, elle va sur sa tombe au Sers, en bas de la colline, et qu’avec sa main elle essuie sa pierre tombale et qu’elle brûle de l’encens, je me dis ce n’est pas vrai que l’amour soit mort sur cette terre… J’ai eu du mal à retenir mes larmes… Sans doute d’autres que moi n’ont pu le faire…
Merci Sonia Chamekh pour ce court métrage émouvant… Merci Hélène pour votre fidélité sans faille à l’amour de cet homme que nous avons tant aimé et qui pour nous, vit encore à travers ses rôles joués à merveille… Quant à vous Hélène, il vit sans doute encore en vous, profondément ! Ahmed Senoussi, paix à ton âme, mon ami !
* Médecin et poète.
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