Le dirigeant et député de Qalb Tounes, Yadh Elloumi, nous a fait une démonstration de la «danse du coq égorgé» ce jeudi, 24 décembre 2020, en commentant l’arrestation du président de son parti, Nabil Karoui, dans le cadre d’une affaire de blanchiment d’argent.
«Il s’agit d’une affaire politique par excellence», a-t-il lancé dans une déclaration accordée à Radio Med, et la raison, selon le comptable, est que «Nabil Karoui est le président du deuxième parti dans le pays (en termes de voix obtenues lors des législatives de 2019, ndlr)», comme si les politiciens ne pouvaient pas commettre des crimes n’ayant pas de lien avec la politique.
Yadh Elloumi a, par ailleurs, assuré que Nabil Karoui est innocent et qu’il est simplement une victime. Une victime de quoi au juste ? D’un peu tout, selon le parlementaire… des médias, du président de la république, du parti Attayar. A en croire M. Elloumi, tout le monde serait en train de comploter contre le patron de Nessma.
Ayant clairement du mal à trouver des arguments pour blanchir l’image de Nabil Karoui, qui est, pour rappel, également suspect dans d’autres affaires, d’évasion fiscale ou encore de financement illégal de sa campagne électorale, Elloumi a sorti une vieille histoire à dormir debout, qui a largement été consommé par les dirigeants de Qalb Tounes juste après la défaite de Karoui au deuxième tour de la présidentielle de 2019 : «C’est lui qui aurait dû être président. Il était en tête dans tous les sondages d’intentions de vote et il a été mis à l’écart [en se faisant arrêter quelques semaines avant le scrutin]».
Pourtant, conformément à ces sondages, il a bel et bien accédé au deuxième tour, et à ce stade-là, il n’y a jamais eu de sondage qui prévoyait sa victoire. Sa défaite face à Saïed, qui a quasiment été plébiscité, était juste inévitable.
Rappelons que Nabil Karoui a été arrêté ce jeudi après avoir été auditionné par le juge d’instruction au pôle judiciaire et financier.
Cherif Ben Younès
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