La nomination hier, lundi 4 janvier 2020, d’Olfa Hamdi, une femme de 36 ans, à la tête de la compagnie nationale Tunisair, a fait beaucoup jaser dans les réseaux sociaux. Deux postes Facebook publiés par des personnes de référence, l’une enthousiaste, Emna Menif, médecin et activiste politique, co-fondatrice du parti Afek Tounes, l’autre plutôt sceptique, Adnane Belhajamor, ancien Pdg d’entreprises publiques et activiste politique, méritent d’être médités et confrontés.
Emna Menif : S’agissant d’une femme, le machisme dormant est revigoré
Les commentaires suite à la nomination de la nouvelle PDG de Tunisair renseignent sur ce que nous sommes. Jamais contents. Incapables d’offrir une chance pour faire ses preuves. C’est beaucoup pour ça que des gens brillants se barrent.
Dans les commentaires des noms ont été cités, Carlos Ghosn et Benjamin Smith entre autres, les profils capables de sauver le fleuron déchu. Carlos Ghosn à 27 ans, soit 3 ans après sa sortie de l’Ecole des Mines, a été nommé directeur d’usine à Michelin.
Benjamin Smith a fondé sa société de voyages à 21 ans, intégré Air Canada à 31 ans pour restructurer une de ses filiales et intégré la direction exécutive à 37 ans. Le succès de ces «managers» était dans leur volonté de challenger. C’est semble-t-il le profil de cette femme, c’est probablement ce qui la motive et possiblement ce qu’il faut pour faire bouger les lignes.
Mais encore, les Ghosn et Cie ne se satisfont pas des salaires des entreprises nationales, non ?
Adnane Belhajamor : Comment va-t-elle affronter le syndicat de la compagnie ?
Je suis ébahi par tous ces facebookeurs qui font l’éloge de la jeune dame nommée PDG de Tunisair.
Laissez-moi vous dire que, dans les pays développés, on ne voit jamais de gens réagir comme ça, arbitrairement et sans éléments concrets leur permettant de juger. C’est une manie très tunisienne…
Normalement, on devrait attendre de voir puis se prononcer, d’autant plus que la personne n’a aucune expérience managériale et qu’elle va se trouver confrontée à une boîte mammouth de type «panier à crabes» et je ne parle évidemment pas de tous ses employés.
Le syndicat de la compagnie est son talon d’Achille. Tout ce qui a bloqué comme assainissement et idée de restructuration de cette boîte l’a été par la faute de ce syndicat qui trouve des justificatifs à la pléthore de personnel, au «tkarkir» (laisser-aller, Ndlr), aux gratifications multiples accordées sans contrepartie productive, aux vols de bagages dans les aéroports et surtout au refus de toute ouverture du capital de Tunisair, condition nécessaire pour l’oxygénation de l’entreprise.
Comment la nouvelle patronne va-t-elle affronter ce syndicat et ce personnel ? On va devoir attendre pour voir et pas longtemps d’ailleurs.
Maintenant qu’elle est là, souhaitons lui bonne chance et croisons les doigts; peut-être fera-t-elle des miracles…
Dans les commentaires beaucoup de condescendance s’agissant d’une femme, jeune et belle. Jeunette… petite dame… s’agissant d’une femme, le machisme dormant à peine dissimulé est revigoré.
Quelle lassitude… quelle dérision…
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