S’agissant de l’épidémie de la Covid-19, la situation critique actuelle en Tunisie n’est pas exclusivement politique et technique. La responsabilité est collective et perdurera tant que le préjugé sera préféré au «scientifique» et que l’égoïsme individuel ou corporatiste primera sur l’intérêt général.
Par Saïd Aïdi *
La véritable clé pour fermer la porte d’accès au virus n’est pas le vaccin mais le respect strict des gestes barrières, la massification des tests et l’isolement des cas positifs afin de contenir la chaîne de transmission.
Plus que jamais, il faut respecter et faire respecter les gestes barrières. Et pour isoler, une piste serait d’établir un dialogue avec les professionnels du tourisme, particulièrement touchés par cette pandémie, afin d’envisager d’utiliser des zones touristiques excentrées (Hammamet Sud, Tabarka, Tozeur, Djerba, Monastir…) comme zone de confinement.
Un calcul rapide et peut-être simpliste : une moyenne journalière de 20.000 patients isolés sur une période de 3 mois en payant 50 dinars par jour aux hôtels cela coûterait… 90 millions de dinars… Il faut bien sûr y ajouter l’aménagement des zones, le paiement du personnel soignant, etc., mais ne vaut-il pas mieux cela que de continuer de tout conjuguer, du plus anodin au plus dramatique, pour remettre en cause les fondamentaux de notre cohésion sociale déjà bien ébranlée? Cela permettrait aussi de préserver des emplois pour un secteur qui a déjà beaucoup souffert.
Bien entendu, il faut accélérer par tous les moyens l’acquisition des vaccins. Mais la campagne de vaccination requière des préalables : une logistique solide bien en place et une stratégie de vaccination claire; en ayant conscience que vacciner sans faire appliquer au préalable les gestes barrières risque d’être un effort vain.
Le sujet de la logistique est complexe et doit à mon sens faire appel à des professionnels du sujet et requière comme base l’ordre !
Quand à la stratégie de vaccination, la réponse à la question de savoir si le vaccin fait barrière à la contamination est fondamentale. Si la réponse est positive alors il faudrait commencer par les «super contaminateurs». Si la réponse est négative, commencer par les sujets qui risquent de développer une forme grave. Et, dans l’absolu, accorder la priorité au personnel de santé exposé à qui la nation tout entière doit rendre hommage.
* Ancien ministre de la Santé.
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