Vu qu’il n’y aura pas de vaccin pour toute la population tunisienne avant une année, nous n’aurons aucune possibilité d’éradiquer l’épidémie de la Covid-19 au cours de cette année comme beaucoup de pays asiatiques ont réussi à le faire. Les dernières mutations du virus montrent qu’il est capable de se défendre contre les vaccins à venir et que ce ne sera probablement pas un seul vaccin qu’il nous faudra mais plusieurs.
Par Pr Faouzi Addad *
Nous sommes passés en Tunisie de «la stratégie d’éradication» du coronavirus lors de la première vague à «la stratégie de cohabitation» lors de la seconde vague avec la réouverture des frontières, le 27 juin 2020. Il fallait apprendre à vivre avec le virus mais le problème c’est qu’on a oublié un paramètre important, c’est que le virus ne veut pas cohabiter avec nous. Il vient d’emporter 94 tunisiens en une seule journée dans l’indifférence quasi totale. Un record de décès qui sera très vite battu dans les prochains jours sans que cela ne change grand-chose à notre stratégie.
Finalement qu’avons-nous appris de la première vague? Quels sont les enseignements de la stratégie suivie entre mars et mai 2020?
Ce qui a marché c’est l’isolement total et strict dans des hôtels des cas positifs et la fermeture des frontières au tout début de l’épidémie. Le confinement ou le couvre-feu n’auront aucune efficacité si on ne revient pas à un équivalent de cette stratégie : isolement ou surveillance stricte des cas positifs à domicile et mise en quarantaine systématique de tous les voyageurs qui rentrent sur notre territoire, le test PCR de 72h avant n’a aucun intérêt.
Vu qu’il n’y aura pas de vaccin pour toute la population tunisienne avant une année, nous n’aurons aucune chance d’éradiquer l’épidémie comme beaucoup de pays asiatiques ont pu le faire. Les dernières mutations du virus montrent qu’il est capable de se défendre contre les vaccins à venir et que ce ne sera probablement pas un seul vaccin qu’il nous faudra mais plusieurs.
Nous ne pouvons regarder toute une génération disparaître. La stratégie de cohabitation a un prix économique, sanitaire mais aussi psychologique (une dépression qui s’installe dans le pays avec les conséquences récentes). Une réflexion profonde s’impose.
* Professeur en cardiologie.
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