Le taux officiel de l’inflation, c’est-à-dire l’évolution sur un an des prix à la consommation, est, pour le moment, en Tunisie, dans un trend baissier. Selon les dernières données publiées en décembre 2020 par l’Institut national de la statistique (INS), ce taux s’est, en effet, stabilisé autour de 4,9%.
Par Amine Ben Gamra *
Depuis le début de l’année dernière, le taux d’inflation a connu une tendance baissière allant de 5,9% en janvier 2020 à 5,8% en février, suivi d’un rebond transitoire à 6,3% durant les mois du confinement sanitaire en raison de la pandémie de la Covid19, puis d’un reflux progressif pour marquer un premier palier à 5,4% d’août à octobre puis un second à 4,9% en novembre et décembre. En moyenne annuelle l’inflation s’établit à 5,6% en 2020 contre 6,7% en 2019 et 7,3% en 2018. Mais cela ne correspond pas à la perception que la plupart des citoyens en ont. Beaucoup ont même l’impression que les prix ont fortement augmenté durant l’année écoulée, en raison de la crise sanitaire, qui a eu des impacts très négatifs sur le plan économique. Revient alors l’éternelle question de la divergence entre la mesure officielle de l’inflation et la perception qu’en ont les ménages.
Les ménages n’ont pas profité de la baisse de l’inflation
Avec l’avènement de la pandémie, la demande reste globalement contrainte par les mesures de confinement et les restrictions diverses. Dès lors, une divergence a pu apparaître entre une mesure de l’inflation basée sur une répartition «standard» de la consommation et la perception fondée sur les achats les plus fréquents des consommateurs. L’exemple le plus marquant concerne les prix des carburants, qui se sont effondrés suite à la chute du prix du pétrole durant le premier confinement. Cela a poussé le chiffre officiel de l’inflation vers le bas. Mais d’un autre côté, durant cette période, nous n’avons que très peu circulé. Dans les faits, les ménages n’ont donc pas vraiment profité de la baisse des prix des carburants.
Tout indique donc que l’inflation devrait rester faible dans les prochains mois. Et la question est de savoir dans quelle mesure l’arrivée d’un vaccin pourrait changer la donne. Dans le cas d’une reprise de la vie normale, suite à une campagne réussie de vaccination, on peut effectivement s’attendre à une forte croissance de la consommation des ménages qui pourrait mettre une pression sur les prix. Et à une remontée de l’inflation.
Les pressions inflationnistes ne tarderaient pas à reprendre
Mais soyons clairs, si on devait assister à de telles pressions inflationnistes, les banques centrales n’y seront pas insensibles. Toute pression inflationniste en 2021 ne serait que l’expression temporaire d’un rattrapage de la consommation, et les banques centrales n’auront nulle envie de casser la reprise de la consommation.
Par ailleurs, et compte tenu des dégâts de la crise économique et du ralentissement global de l’activité par rapport à son potentiel, il est peu probable que des pressions inflationnistes solides et durables s’installent.
* Expert comptable, commissaire aux comptes, membre de l’Ordre des experts comptables de Tunisie.
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