Le club Ecolo de l’Association tunisienne des grandes écoles (Atuge) a organisé, le 2 février 2021, un webinaire sous le thème : «Où en est la Tunisie dans sa transition énergétique ?» Il est ressorti du débat que la Tunisie a un potentiel dans ce domaine qui lui permet d’être plus ambitieuse, à condition de gagner en efficacité dans la réalisation des ses objectifs.
Selon Fethi Hanchi, directeur général de l’Agence nationale de maîtrise de l’énergie (ANME), les énergies renouvelables ont représenté 4% de la totalité des énergies utilisées en 2019. La Tunisie pourrait atteindre les 22% en 2030 par rapport à un objectif escompté de 30%. En 2020, la totalité du fonds alloué à la transition énergétique a été débloqué, notamment dans le cadre du programme Prosol Elec (installation de panneaux photovoltaïques).
Etat des lieux : peut mieux faire…
Kamel Bennaceur, expert international en énergie, et ex-ministre de l’Industrie et de l’Energie, a établi un benchmark pertinent avec les pays de la région méditerranéenne principalement. Avec une demande énergétique en augmentation dans tous les pays, la Tunisie présente l’intensité énergétique des plus élevées (consommation énergétique/PIB). Cette intensité énergétique s’est améliorée de 30% dans les pays de l’OCDE et c’est loin d’être le cas pour la Tunisie. Deux secteurs ont été pointés du doigt au niveau de l’efficacité énergétique : les transports et le bâtiment.
Le Maroc présente l’ambition la plus forte en matière de transition énergétique avec un objectif de 52% d’ER en 2030.
Le gaz, l’éolien et l’hydraulique sont les énergies en augmentation sensible en Afrique du nord.
Tanja Faller, responsable du cluster ‘Energie’ et changement climatique à la GIZ, l’agence de coopération allemande, a salué les efforts faits par la Tunisie malgré l’instabilité politique. Elle a affirmé que notre pays est sur la bonne voie avec un grand potentiel inexploité et salué, au passage, la transition démocratique en matière de transition énergétique avec la participation du citoyen dans la production d’énergie.
IhebTriki, chargé des investissements privés dans le développement durable à Swicorp, a, quant à lui, déploré l’absence de grands projets en Tunisie malgré le potentiel existant.
L’absence d’un régulateur indépendant ne représente pas selon lui le principal obstacle.
Quelles solutions pour rattraper ce retard ?
Amel Jrad, coordinatrice du projet Readiness Tunisie-Green ClimateFund et modératrice du débat, a largement insisté auprès des panélistes sur les solutions à proposer pour rattraper ce retard.
Il s’agit, sur le plan institutionnel, du renforcement des capacités humaines pour accélérer la réalisation des projets; l’anticipation de l’augmentation de la capacité de stockage et de transport de l’énergie est fondamentale, notamment pour la Société tunisienne d’électricité et de gaz (Steg). Mais aussi de l’introduction du digital d’une manière plus significative ; de l’exploitation du portefeuille de toutes les énergies renouvelables (dont l’hydrogène vert et bleu), en privilégiant les solutions à moindre impact environnemental et qui ne demandent pas de subventions de l’Etat; de l’implication de tous les ministères concernés par cette transition, et en premier lieu ceux des Transports et de l’Agriculture. Le ministère des Affaires locales et de l’Environnement est aussi concerné afin d’actionner le levier territoire.
Il en est ressorti que la Tunisie a un potentiel qui lui permet d’être plus ambitieuse, à condition de gagner en efficacité dans la réalisation des ses objectifs. Un objectif ambitieux de 80% d’énergie renouvelable a été avancé à l’horizon 2050 par Fethi Hanchi.
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