Commentant la crise au sein de Tunisair, Hakim Tounsi, patron du tour opérateur Authentique, à Paris, estime que Tunisair, «visée depuis des années par des convoitises extérieures», ne saurait être cédée aux privés. Et pour cause…
Pour le voyagiste, «le pourrissement inacceptable et incompréhensible dans lequel la compagnie a été laissée depuis 2011 pourrait être prémédité», mais la compagnie aérienne nationale tunisienne «reste le symbole et l’une des pierres angulaires de la souveraineté nationale», et à ce titre, elle ne saurait être cédée.
Cependant, la compagnie traverse une grave crise financière et cela est la conséquence d’une mauvaise gouvernance avérée, dont les recrutements massifs et la hausse de la masse salariale depuis 2011 sont parmi les principales causes. A ce propos, Hakim Tounsi, professionnel du voyage, cite l’exemple d’une filiale du groupe, Tunisie Catering, qui emploie 595 salariés. «C’est énorme. Cependant, les licencier coûtera plus cher que de les faire travailler», dit-il. Et, pour cela, il propose une solution possible : «Il faut ouvrir une chaîne de fast-food avec la marque Tunisie Catering ou placer le personnel dans les services de l’État comme les restaurants universitaires et la restauration dans les hôpitaux, etc. Pas de licenciements. Les hôtels privés, les cliniques demandent du personnel dans le secteur de la restauration. Il faut charger une équipe pour replacer le personnel ailleurs sans licenciements.»
Cela dit, l’entreprise doit être assainie, car les caisses de l’Etat, c’est-à-dire les contribuables, ne sauraient supporter plus longtemps le poids de ses déficits chroniques. Aussi faut-il ouvrir immédiatement une enquête, et faire un audit approfondi sur les défaillances et les irrégularités commises les 5 dernières années, préconise le voyagiste, pour déterminer les responsabilités et poursuivre les coupables pour que la justice dise son mot, car, ajoute-t-il, «il ne faut pas que les auteurs de manquements graves, de violations des procédures, de pillage de biens de la société et de bagages de passagers échappent à la justice. C’est la meilleure façon pour commencer sérieusement et honnêtement à redresser la compagnie et lui rendre sa dignité et son prestige. Il faut mettre à nu les manquements y compris au niveau du conseil d’administration et de l’État en tant que principal actionnaire.»
I. B.
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