Inauguré hier, samedi 27 février 2021, à Béja, le 2e centre du programme Elife, porté par la Fondation Tunisie pour le développement (FTD), et cofinancé par l’Agence française de développement (AFD) et l’Union européenne (UE).
Ce deuxième centre accueille, depuis fin décembre 2020, 200 jeunes diplômés en situation de chômage. Il vient ainsi renforcer le dispositif de lutte contre le chômage et d’égalité des chances dans les régions défavorisées mis en place dans le cadre du programme Elife.
Après 12 mois d’une formation pratique innovante sur le plan pédagogique et complémentaire à leur formation initiale, ces jeunes seront dotés de compétences recherchées par les entreprises du secteur du numérique. Le dispositif devra accueillir à terme jusqu’à 5000 jeunes par an dans 10 centres situés dans des chefs-lieux de gouvernorats de l’intérieur.
Combler le manque de techniciens supérieurs opérationnels
Le secteur numérique en Tunisie est marqué par une situation paradoxale: il s’agit d’un secteur à fort potentiel de développement mais beaucoup d’entreprises sont freinées par la difficulté à recruter des techniciens supérieurs opérationnels, ce qui se traduit chaque année par plusieurs milliers d’offres d’emplois non pourvues et dans le même temps, les diplômés du supérieur peinent à trouver un emploi.
Pour expliquer ce paradoxe, tous les diagnostics convergent : si les jeunes de niveau bac +3 ont un solide socle théorique au sortir de leurs études, ils sont pénalisés par leur niveau de langue et manquent de mises en situations professionnelles. Ce décalage est d’autant plus grand dans les régions du nord-ouest où l’écosystème entrepreneurial en général et numérique en particulier est peu développé.
Le projet Elife : un parcours de formation innovant
Le projet Elife, initié et mis en œuvre par la Fondation Tunisie pour le développement, en partenariat avec l’université Esprit pour la conception pédagogique des formations et l’association Tact, qui regroupe plusieurs entreprises leaders du numérique dans le pays, a précisément pour but de s’attaquer à ce défi. Il a pour objectif de faciliter le recrutement des jeunes diplômés du numérique, en particulier dans les gouvernorats présentant un taux de chômage élevé, en leur proposant dans ces centres Elife modernes et bien équipés un parcours de formation innovant, en prise avec les besoins du secteur, dans le but de renforcer leur employabilité et d’aider à leur insertion économique et sociale. Au-delà du cycle de formation, les centres seront des lieux de culture, d’échanges et d’accès aux nouvelles technologies.
Ce projet va permettre la création et l’animation de 10 centres de technologie, de formation et de culture dans les régions de l’intérieur.
Les jeunes de ces régions qui souhaitent accéder à cette opportunité de formation devront justifier d’un diplôme d’Iset dans le domaine du numérique et être inscrits sur les registres de l’Agence nationale de l’emploi et du travail indépendant (Aneti) afin de pouvoir valider leur inscription dans l’un des centres. Après des tests de sélection, ils pourront y recevoir une formation gratuite de 12 mois, grâce à l’appui du Fonds national de l’emploi, dans l’une des spécialités proposées : développement logiciel; business intelligence; informatique embarquée; community management.
Ces 12 mois de formation comprennent également un renforcement en langues et techniques de communication, en programmation informatique et une période de professionnalisation de six mois consistant en des projets pratiques proposés et encadrés par les entreprises partenaires du programme.
En 2021, le programme de formation sera complété par la mise en place d’un programme dédié à l’entrepreneuriat afin de promouvoir l’innovation et de consolider et renforcer l’écosystème tunisien par un accompagnement de porteurs de projets répondant à des problématiques de création d’emplois et de valeur.
La France au travers de l’AFD contribue au projet Elife à hauteur de 2,9 millions d’euros, sous forme de subvention, permettant de financer l’acquisition de la totalité des équipements informatiques de pointe des dix centres Elife.100.000 euros ont également été mobilisés par l’AFD pour appuyer un partenariat entre les centres Elife et le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) français dans le but d’assurer un suivi rapproché de l’insertion professionnelle des jeunes en sortie de formation.
L’UE, à travers le projet Innov’i mis en œuvre par Expertise France, contribue également au projet à hauteur de 1,6 millions d’euros sous forme de subvention afin de financer le lancement du volet entrepreneuriat ainsi que l’agencement et des frais opérationnels pour 5 centres. Le programme Entrepreneuriat vise la pré-incubation d’une centaine de porteurs de projets par centre dans les régions et la finalisation de 5 à 10 projets d’entreprise par centre.
Le projet bénéficie également d’autres subventions de la GIZ (agence de coopération allemande pour le développement) et de Hivos (organisation néerlandaise d’aide au développement) qui permettent de financer des frais inhérents à la montée en compétences du staff encadrant et au coaching des apprenants sur les aspects pratique de la formation.
La pérennité du projet est assurée grâce à une convention signée entre la Fondation et l’Aneti dans laquelle l’état s’engage via l’Aneti à subventionner les frais de formation ainsi qu’une bourse sur 12 mois de tous les apprenants du programme.
Inauguration du nouveau centre à Béja
Le deuxième des dix centres Elife, qui a ouvert ses portes à Béja en fin d’année 2020, a été inauguré ce 27 février2021 par le chef du gouvernement, le ministre de l’Emploi, le ministre des Technologies et de la Communication, les ambassadeurs de l’UE et de France en Tunisie.
L’inauguration s’est déroulée en présence du gouverneur de Béja, du président de la FTD, des partenaires du projet (Tunisie Telecom, ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi, AFD, DUE, Expertise France, GIZ…), des prestataires (université Esprit) ainsi qu’une délégation de chefs d’entreprise du secteur du numérique.
Deux autres centres devraient ouvrir avant fin 2021 à Djerba et au Kef.
Pour en savoir plus, le documentaire de présentation du projet est disponible sur ce lien.
Donnez votre avis