L’État tunisien, à travers notamment le ministère des Affaires religieuses, reste fidèle au respect de ses dogmes. Aujourd’hui, le département gouvernemental a appelé à une prière de la pluie. Comme chaque année, il a bien choisi le moment pour ne pas se faire ridiculiser, car selon les prévisions météorologies (scientifiques), il pleuvra bel et bien la semaine prochaine.
Le ministère a, en effet, appelé, aujourd’hui, 4 mars 2021, les Tunisiens à se joindre à une prière de la pluie qu’il organisera dimanche prochain, 7 mars, «conformément à ce qui a été mentionné dans notre religion en matière de recours à Allah, le Tout-Puissant avec supplication et prière, lorsque la pluie bienfaisante est retardée», lit-on dans le communiqué, digne de l’ère moyenâgeuse.
Et tant pis si notre pays fait face actuellement à une pandémie faisant des dizaines de morts chaque jour et que les rassemblements inutiles (et c’est clairement le cas en l’occurrence) sont à éviter.
Rappelons que la formation des nuages chargés d’eau (et qui donnent lieu à la pluie) proviennent de l’évaporation de l’humidité qui existe dans la nature et plus particulièrement des grandes étendues d’eau (lacs, mers, etc.).
Cette vapeur d’eau se mélange à la masse d’air, et lorsque l’air s’élève à cause des mouvements de l’atmosphère, il se refroidit par détente. La vapeur d’eau contenue dans l’air se condense ainsi autour de noyaux de condensation (poussières, pollens et aérosols) lorsqu’une légère sursaturation est atteinte. Finalement, ces gouttelettes donnent des nuages, et c’est le grossissement de ces gouttelettes qui donnera la pluie.
Le phénomène ne dépend donc – si on croit un tant soit peu à la science – que de facteurs purement naturels.
D’ailleurs, les pays où il pleut fréquemment sont toujours les mêmes, pour des raisons climatiques et géographiques évidentes, et ceux où il y a souvent une sécheresse sont également toujours les mêmes, et ce, indépendamment des croyances et des rites religieux de leurs populations.
Selon toutes les prévisions météorologiques, où la marge d’erreur est très petite, il y aura plusieurs jours pluvieux la semaine prochaine. Autrement dit, à une époque où les autres nations commencent à visiter la planète Mars, notre ministère – disons les choses clairement au risque d’être vulgaire – se fout de notre gueule.
Cherif Ben Younès
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