Les posts de Rafik Abdessalem Bouchlaka sur sa page Facebook se distinguent par leur tonalité complaisante voire mielleuse vis-à-vis du président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, et violente voire insultante à l’égard de ses détracteurs, à commencer par le président de la république Kaïs Saïed. Ce qui pose problème, et ne sert pas forcément les intérêts du mouvement islamiste, toujours soucieux d’afficher une volonté de dialogue et une image de modération.
Par Imed Bahri
Ces posts, dont les excès, dans un sens comme dans l’autre, sont dénoncés y compris par des Nahdhaouis, estimant qu’ils nuisent à l’image même de leur parti, car ils l’embarquent dans des postures jusqu’au-boutistes difficiles à assumer, surtout qu’ils ajoutent de l’huile sur le feu et attisent la querelle opposant le président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) au le chef de l’Etat et rendent encore plus difficile toute tentative de réconciliation entre les deux hommes.
Les excès calculés de «l’époux de Soumaya Ghannouchi»
S’ils sont déplorés par beaucoup de Nahdhaouis, les posts de M. Bouchlaka ne sont pas difficiles à expliquer. Celui que beaucoup de ses compatriotes préfèrent désigner comme «l’époux de Soumaya Ghannouchi», la fille du Guide des Frères musulmans tunisiens, multiplie les posts où il vole au secours de son beau-père, justifie ses fourvoiements et s’attaque à ses détracteurs, avec souvent des excès de langage indignes d’un ancien ministre des Affaires étrangères, poste qu’il n’aurait d’ailleurs jamais dû occuper, auquel rien dans son parcours ne le prédestinait et qu’il avait copieusement déshonoré en se mettant au cœur de deux affaires d’abus de biens sociaux, celles dites du «Sheratongate» et du «don chinois», qui dorment depuis 2013 dans les tiroirs d’une justice complaisante sinon aux ordres.
Vous l’avez sans doute compris : si M. Ghannouchi quitte la présidence d’Ennahdha et qu’il sera mis fin à l’influence qu’il exerce aujourd’hui sur la scène politique et l’administration publique tunisiennes, son gendre perdrait son principal bailleur de fonds, mais pas seulement. Car en plus de sa «chéquier», M. Bouchlaka perdrait aussi son assurance impunité et se retrouverait devant les juges pour répondre de ses délits anciens.
Des dérapages à répétition qui nuisent à l’image d’Ennahdha
Alors excès pour excès, la fuite en avant apparaît à «l’époux de Soumaya Ghannouchi» comme un moindre mal ou, plutôt, comme un mal nécessaire, même si ses dérapages à répétition risquent de nuire à Ennahdha, à brouiller ses relations avec le reste des partis politiques et, surtout, à rendre impossible le mise en place d’un dialogue national pour sortir la Tunisie de la crise où elle se morfond actuellement, que tous les Tunisiens, lassés par les guéguerres idéologiques, appellent de tous leurs vœux.
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