L’«anti-kwanjisme primaire» de Abir Moussi, la présidente du Parti destourien libre (PDL), a amplement payé puisqu’il vient de s’adjoindre l’appui fort de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), par la voix de Sami Tahri, le secrétaire général adjoint de la centrale syndicale, qui a dénoncé le laisser-aller des autorités dans l’affaire du bureau tunisien de l’Union des ulémas musulmans, conduite par le prédicateur jihadiste Youssef Al-Qaradawi.
Par Marwan Chahla
Intervenant par téléphone, dans la soirée d’hier, mardi 9 mars 2021, lors de l’émission quotidienne ‘‘Rendez-vous 9’’ d’Attessia, Sami Tahri a clairement mis en garde qu’il y a «une extrême urgence pour que l’ordre soit mis dans cette affaire de l’établissement sur le sol tunisien de ces organisations dont les liens avec certains pays étrangers et certains partis politiques posent de sérieux problèmes… Il n’est nullement question, ici, de restreindre la liberté de former dans notre pays des associations : au contraire, ce droit est un acquis de la révolution qu’il faut préserver et renforcer. Il s’agit plutôt de clarifier un certain nombre de situations et de passer sous la loupe la manière dont ces organisations et associations opèrent dans notre pays – par exemple, en analysant attentivement l’origine de leurs financements et en examinant de plus près les objectifs qu’elles se sont assignés…»
Cherchez le ver islamiste dans le fruit de l’Etat-nation
Il y a là, selon le dirigeant syndicaliste, «de nombreuses suspicions et de nombreux problèmes qui méritent qu’une plus grande attention leur soit portée», par allusion à la succursale tunisienne de l’Union des ulémas musulmans, fondée et dirigée par le prédicateur extrémiste égyptien Youssef Al-Qaradawi, le maître à penser de Rached Ghannouchi, président du parti islamiste tunisien, Ennahdha, ci-devant président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).
Plus encore, Sami Tahri s’interroge : «En quoi est-ce que notre pays a-t-il besoin de prêcheurs étrangers ? Quels sont, au juste, les objectifs de ces derniers ? Ont-ils l’intention de changer le mode de vie des Tunisiens, leur mentalité, leurs idées, que sais-je encore?»
Bref, le secrétaire général adjoint de l’UGTT s’inquiète face à toutes ces pratiques douteuses : «Est-ce qu’il y a en Tunisie un problème de mécréance tel qu’il faille faire appel à des exégètes étrangers pour enseigner au peuple tunisien les préceptes de l’islam?»
«Nous en avons marre de toutes ces associations caritatives et autres»
«L’heure est donc venue pour que tout le monde joue cartes sur table, c’est-à-dire que l’on connaisse la véritable identité de ces organisations et que l’on sache exactement ce qu’elles sont en train de faire dans notre pays. Nous avons besoin de tout savoir sur cette question. Nous en avons marre de toutes ces associations caritatives et autres», s’insurge Sami Tahri.
En somme, dans ce coup de gueule du dirigeant de l’UGTT, il n’y a rien de plus ni rien de moins que ce que la présidente du PDL n’a cessé de dénoncer, depuis un bon bout de temps déjà, et que les autorités, à la solde du parti islamiste Ennahdha, feignent de ne pas savoir, laissant le ver «extrémiste» pourrir le pays…
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