On aurait aimé voir Ridha Belhadj condamner les agressions physiques dont ont été victimes Abir Moussi et d’autres députés de la coalition du Parti destourien libre (PDL), hier, jeudi 18 août 2021, à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), de la part de députés et d’agents du parti islamiste Ennahdha. Non, le directeur exécutif du parti Al-Amal préfère s’en prendre à Abir Moussi. Pour le compte de qui ?
Par Imed Bahri
Dans un post Facebook publié hier, l’ancien directeur de cabinet du président Béji Caïd Essebsi qui a beaucoup contribué (et avec quel panache !) à la destruction de Nidaa Tounes, le parti vainqueur des législatives et de la présidentielle de 2014, pour se retrouver dans le quasi-anonymat, s’est attaqué avec des mots forts aux «orientations fascistes d’Abir Moussi» (sic !) et sa «ligne de conduite agressive» et à son «état d’esprit revanchard, cherchant la mise à mort de l’expérience tunisienne en relation avec la transition démocratique, conformément à un agenda régional bien établi».
C’est à peine si M. Belhadj n’a pas accusé la présidente du PDL d’être un agent des Emirats arabes unis, comme le font souvent les islamistes d’Ennahdha et d’Al-Karama. Mais c’est comme s’il l’a déjà fait, puisque c’est le sens de ce qu’il a voulu signifier par «agenda régional bien établi».
Sorti par la petite porte, il cherche à revenir par la lucarne
En renvoyant dos-à-dos Abir Moussi et Seifeddine Makhlouf, le porte-parole de la Coalition Al-Karama, M. Belhadj cherche à «soigner» son positionnement politique, en se rendant sympathique au regard des islamistes, ses alliés depuis 2015 et l’accession de Nidaa Tounes au pouvoir. Il a déjà presque oublié que c’est Ennahdha qui, par ses manœuvres, a accéléré la division de ce parti et sa chute aussi rapide que sa montée et aussi retentissante qu’ont été les espoirs qu’il avait donné aux Tunisiens à sa création en juin 2012.
M. Belhadj, sorti par la petite porte, après un quart d’heure de gloire éphémère, et perdu de vue depuis qu’il a été éjecté de la présidence de la république par feu Béji Caïd Essebsi et qui, après avoir participé à la destruction de Nidaa Tounes, est passé par plusieurs partis mort-nés, avant d’atterrir dans Al-Amal, cherche à revenir par la… lucarne, en prenant la défense de Nabil Karoui, président de Qalb Tounes, poursuivi en justice dans des affaires d’évasion fiscal et de blanchiment d’argent, de manière à se faire inviter sur les plateaux de Nessma TV, la chaîne télévisée de ce dernier, et, indirectement, des islamistes.
Les Tunisiens savent (parfois) distinguer les justes des faux-jetons
Il faut dire que ni son nouveau parti, Al-Amal, une officine regroupant des has been et des losers, ni lui-même ne figurent dans les derniers sondages d’opinion et qu’il n’a pas d’autres moyens pour devenir un peu plus visible et audible, dans l’espoir de se remettre en selle, que de s’attaquer à Abir Moussi, celle, justement, qui plafonne, avec son parti, le PDL, dans les sondages d’opinions et barre ainsi la route à tous ceux qui, comme M. Belhadj, se réclament de la famille centriste, progressiste, moderniste, et tutti quanti.
Par leurs excès même, certains comportements de Mme Moussi, sont certes condamnables, et M. Belhadj a sans doute raison de les condamner, mais sans arrière-pensée et sans calcul politique, en prenant soin aussi de dénoncer les agresseurs islamistes de Mme Moussi, quand celle-ci est agressée. Et, ces derniers temps, elle l’est souvent… Mais M. Belhadj et sa camarilla d’opportunistes et d’hypocrites préfèrent regarder ailleurs. Et, dans leur aveuglement, ils croient qu’en cassant du Moussi, ils vont avoir plus de visibilité, feignant d’oublier qu’en politique, la visibilité est souvent synonyme de sincérité, de crédibilité et de rigueur morale. Le parfait exemple en cela est le président de la république, Kaïs Saïed, qui ne fait pas grand-chose sinon le contraire de ce qu’il devrait faire, mais qui plafonne dans les sondages et écrase tout le monde sur son chemin, pour la simple raison que son honnêteté et sa rectitude forcent le respect et lui valent l’estime du plus grand nombre.
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