La représentante du ministère des Affaires religieuses, Messaouda Battikh, a révélé que le département gouvernemental travaille à la création d’une direction qui s’occupe des affaires des minorités religieuses «pour faciliter la gestion de la mosaïque religieuse et sectaire qui existe en Tunisie». Pourtant le gouvernement et ce ministère pratiquent ouvertement une discrimination religieuse qui vise principalement les minoritaires, et même les musulmans…
Elle a, par ailleurs, affirmé que le ministère traite de la même manière et sans discrimination les différentes religions et sectes en Tunisie, indiquant que la relation avec les chrétiens est régie par un accord entre la Tunisie et le Vatican conclu en 1964 et que certains articles peuvent être amendés en accord avec les deux parties. Elle a ajouté qu’en ce qui concerne les juifs, il existe une loi de 1958 qui réglemente la pratique de leurs rites religieux, en plus de tous leurs droits en tant que citoyens tunisiens.
On est, cependant, en droit de douter fortement de la crédibilité de ces paroles, quand on sait que, par exemple, les citoyens non-musulmans sont interdits de présenter leurs candidature à l’élection présidentielle. La discrimination existe donc de fait, puisqu’elle est marquée noir sur blanc dans la constitution tunisienne.
En outre, il est insensé de parler d’accords qui gèrent la relation avec les juifs ou les chrétiens (qu’ils soient Tunisiens ou pas). Ce sont, avant tout, des êtres humains et ils sont supposés avoir exactement les mêmes droits et les mêmes devoirs que les autres.
La discrimination religieuse pratiquée par l’État tunisien vise également les musulmans ou plutôt ceux qui sont considérés ainsi par défaut, qu’ils le soient réellement ou non (parce que l’apostasie est une hypothèse totalement inenvisageable pour cet État). A titre d’exemple, ceux-ci n’ont pas le droit d’acheter l’alcool les vendredi ou pendant le mois de ramadan, sous prétexte que ce sont des périodes sacrées en islam. Et cela viole clairement leur liberté de conscience, un droit universel pourtant censé être garanti par la constitution. La constitution des paradoxes par excellence.
Et quid des adeptes des autres religions ou des irréligieux ? Pourquoi n’y a-t-il pas d’accords pour leur donner leurs droits puisque c’est ainsi que fonctionne cette république bananière ?
Rappelons, finalement, pour montrer à quel point les paroles de Mme Battikh sont absurdes, qu’il y a quelques jours, le gouvernement tunisien a refusé de publier la déclaration de formation de l’Association bahaïe en Tunisie, sous prétexte que le bahaïsme n’est pas une religion monothéiste (ce qui est faux soit dit en passant, mais ce n’est qu’un détail). Ce refus avait notamment été recommandé par son patron, le ministre des Affaires religieuses, Ahmed Adhoum, qui ne sait décidément pas sur quel pied danser.
Cherif Ben Younès
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