À l’heure où les islamistes sont aux abois, affaiblis par un Kaïs Saïed qui n’accepte pas les compromis et encore moins les compromissions, une Abir Moussi qui s’oppose frontalement à eux et une opinion publique qui les rejette, le dirigeant d’Ennahdha Noureddine Bhiri appelle à reconstituer un front commun entre islamistes et progressistes à l’instar de celui du 18 octobre 2005 pour protéger la démocratie comme si quelqu’un avait appelé à les emprisonner à nouveau ou à les exiler. Une tentative pour jouer la victime qui trouve son écho chez leur ami historique Ahmed Nejib Chebbi qu’ils surnommaient, avec une ironie assassine, «Najibullah».
Par Imed Bahri
Ahmed Néjib Chebbi, l’ancien opposant à Ben Ali, qui semble frustré et aigri pour n’être jamais devenu ni président ni chef de gouvernement, ne supporte pas que Kaïs Saïed, nouveau venu en politique, soit entré par la grande porte en devenant président de la république et bénéficier d’une immense popularité : il a été élu par plus de 72% des suffrages exprimés.
La jalousie de Chebbi à l’endroit de Saïed se traduit par le fait qu’il ne rate aucune occasion pour tirer à boulets rouges sur le président de la république, que ce soit dans ces apparitions sur la chaîne illégale Nessma ou via Facebook et toujours avec un air hautain et en faisant le donneur de leçons.
L’adversaire des… adversaires des islamistes
Outre cette jalousie maladive à l’endroit de Saïed, Chebbi adore servir la soupe aux islamistes en critiquant les plus irréductibles parmi leurs adversaires, notamment Kaïs Saïed et Abir Moussi, la présidente du Parti destourien libre (PDL), souvent classée seconde dans les sondages de popularité.
Celui que la blogosphère surnomme «Najibullah» ne pouvait pas ignorer l’appel du pied du sulfureux Noureddine Bhiri, lancé dans un post facebook avant-hier soir, dimanche 11 avril 2021, pour constituer un «bloc historique favorable à la démocratie et pour contrer les partisans du fascisme, du pouvoir personnel et du populisme destructeur» (sic).
Dans un communiqué d’Al-Amal, le micro-parti qu’il anime – tel est le verbe qui sied – avec le sulfureux Ridha Belhadj avec lequel il partage la proximité avec l’homme de réseaux Kamel Eltaïef et Salma Elloumi Rekik, il affirme que le combat contre l’islam politique en Tunisie est une question interne, sous-entendant que Kaïs Saïed en aurait parlé lors de sa dernière visite officielle en Égypte alors qu’il n’en est rien. Et tout au long de ce communiqué dévoué à l’islam politique, diffusé hier soir, lundi 12 avril, Chebbi fait le donneur de leçons sur la manière dont on doit traiter la question de l’islam politique.
En réalité et on l’a très bien compris, il répond à l’appel de phare lancé par Noureddine Bhiri pour la constitution d’un nouveau front du 18-Octobre. Najibullah, fidèle à lui-même, vole une énième fois au secours des islamistes.
Les éternels serviteurs d’Ennahdha ne servent plus à rien
Ces derniers, qui filent aujourd’hui un mauvais coton et paniquent face aux bouleversements enregistrés récemment sur le plan de la géopolitique régionale , avec le rapprochement entre la Turquie islamiste d’Erdogan et l’Egypte laïque d’Al-Sissi, ont la chance d’avoir dans le pays une cinquième colonne toujours prête à les aider quand ils sont en difficulté puis qu’ils jettent une fois qu’ils ont repris du poil de la bête, car même s’ils la jettent quand ils n’en ont plus besoin, elle sera toujours là pour les servir avec zèle. Najibullah en est la plus belle et parfaite illustration. Sauf que cette fois-ci, les Tunisiens ne le suivront pas, ni lui ni aucune personne qui servira la soupe aux islamistes, qui sont en grande partie responsables d’avoir mis le pays à genoux avec la complicité et la compromission des pseudo-progressistes qui ont gouverné avec eux comme Ridha Belhaj, directeur exécutif du micro-parti dont fait partie Najibullah.
Le rêve de Najibullah, qui s’est dissipé aujourd’hui, avec les premières lueurs du jour : utiliser le nouveau «front du 18-Octobre» comme une rampe de lancement pour se repositionner sur l’échiquier politique national et se mettre en lice pour la Kasbah ou, pourquoi pas, Carthage, Ennahdha ne trouvera pas meilleur «tartour» que lui.
On vous l’a dit, ces «has been» sont incorrigibles : ils n’ont pas compris que le pays a changé et que les vieilles recettes éculées ne prennent plus. Un peu d’imagination, bon sang !
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