Le dirigeant du mouvement Ennahdha, Rafik Abdessalem, n’a pas manqué l’occasion de fustiger le président de la république, Kaïs Saïed, quasiment comme chaque semaine désormais, après le discours de ce dernier à la mosquée Zitouna à l’occasion du commencement du mois de ramadan, où il a notamment tenu à rappeler que l’islam est la religion des musulman et non des islamistes. Une clarification qui n’a pas du tout été du goût du nahdhaoui.
Abdessalem accuse Saïed de vouloir s’accaparer de la religion, faisant ainsi une démonstration parfaite de ce qu’on appelle en psychanalyse «une projection» (opération mentale par laquelle une personne attribue à quelqu’un d’autre ce qui correspond à elle-même). Parce qu’il n’est un secret pour personne que s’approprier l’islam est la raison d’être des islamistes.
«Le bavardage et les insultes au début du mois de ramadan et à la Mosquée Zitouna, ainsi que la perte du bon sens et de la vérité sont le plus grand “ibtila” qu’on ne peut remplacer ni avec l’argent ni avec le pouvoir. Tous les chefs des États islamiques ont félicité leurs peuples pour l’avènement du mois saint du ramadan et ont diffusé des messages de joie, d’optimisme et d’appel à l’amour et à la pureté des cœurs, à l’exception de notre téméraire président, qui insiste à propager une atmosphère de haine et de rancune», a également écrit le gendre du président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi.
Cela dit. la colère de Abdessalem – qui dit simplement tout haut ce que beaucoup d’autres islamistes pensent tout bas- est tout à fait compréhensible. Il y a de quoi s’énerver. L’adversaire politique numéro 1 des nahdhaouis essaye de partager leur fond de commerce et pourrait même le leur «voler» dans l’avenir !
Abdessalem a même accusé Saïed de marcher sur les pas de l’ancien président de la république, déchu en 2011, feu Zine El Abidine Ben Ali, qui était notamment connu pour son hostilité envers les islamistes. En fait, l’ancien ministre des Affaires étrangère donne l’impression, à travers ses statuts Facebook, que s’il le pouvait, il serait même tenté de comparer le chef de l’État à Hitler ou à Satan. Le président de la république représente clairement d’une menace et, de ce fait, tous les arguments sont bons pour le rabaisser.
C. B. Y.
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