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La Tunisie veut tirer un meilleur profit de sa diaspora

La mise en place d’un Diaspora Mobilisation Act (ou Loi sur la mobilisation de la diaspora) permettrait de regagner la confiance de la diaspora tunisienne, d’optimiser son accompagnement et de renforcer sa contribution socio-économique. Telles étaient les principales recommandations d’une enquête sur «la contribution socio-économique de la diaspora» initiée par l’Agence allemande pour la coopération internationale (GIZ) et réalisée par le cabinet de conseil Deloitte.

L’enquête a été présentée lors d’un séminaire sur le thème «Diaspora unie, une force cachée», tenu jeudi 27 mai 2021 à Tunis, organisé, en association avec l’Agence pour la promotion de l’industrie et de l’innovation (APII) et la Banque centrale de Tunisie (BCT).

L’impact économique réel des Tunisiens résidant à l’étranger

L’enquête a été développée dans le cadre du projet GIZ visant à mobiliser la diaspora tunisienne pour l’investissement et le développement et le programme ProGreS Migration de l’Union européenne. Il est également parrainé par la BCT.

L’objectif est de mesurer l’impact économique réel des Tunisiens résidant à l’étranger sur l’économie nationale et d’élaborer des recommandations pour mieux mobiliser la diaspora et améliorer les mécanismes existants.

Aymen Mtimet, représentant Deloitte, et Oula Tarssim, représentant la GIZ, ont déclaré que l’étude a révélé que la diaspora tunisienne compte 1 424 386 individus, répartis dans 90 pays; 50% d’entre eux ont des comptes bancaires en devises ou en dinars en Tunisie, 72% transfèrent des fonds en Tunisie et 66% contribuent aux finances de leur famille dans le pays d’origine.

Ces envois de fonds représentaient 32% des réserves de change de la Tunisie en 2019, selon l’enquête, et la contribution des expatriés tunisiens aux recettes fiscales du pays est de 2%.

De plus, le transfert moyen de chacun de ces citoyens s’élève à 6 866 DT par an. Et sa dépense moyenne par séjour est de 1 508 DT.

Cependant, seuls 22% d’entre eux sont actuellement intéressés par l’investissement en Tunisie, en raison d’un manque de vision de la situation dans le pays et d’un manque de visibilité sur les opportunités d’investissement.

L’enquête pointe de nombreuses carences en termes de communication et de mobilisation de la diaspora à travers le monde et un manque de données structurées et de prise de conscience stratégique des enjeux liés à la diaspora. Elle a également souligné l’absence de programmes et de projets pour faire face aux contraintes techniques des institutions en contact avec la diaspora.

L’enquête présente une évaluation mitigée des mécanismes dédiés à la promotion des investissements de la diaspora. Et recommande d’adopter une stratégie nationale pour identifier la diaspora, la mobiliser et mettre en place des indicateurs pour suivre ses apports.

Les recommandations comprennent également la numérisation des services destinés à ces citoyens, la mise en place d’une gouvernance efficace, efficiente et participative de la diaspora et le développement d’une relation gagnant-gagnant pour regagner leur confiance dans le pays.

La Loi de mobilisation de la diaspora plaide pour un cadre stratégique consensuel pour mobiliser la diaspora ainsi que pour anticiper et tirer parti des dynamiques migratoires. Dans ce cadre, un groupe de travail sera bientôt mis en place pour proposer le texte et les mesures de la loi de mobilisation de la diaspora.

La BCT aux bons soins de la diaspora

Participant au séminaire, le gouverneur de la BCT, Marouane El-Abassi, a déclaré: «Au-delà des chiffres sur la contribution économique de la diaspora, ce qui est vraiment important, c’est l’engagement et la solidarité dont font preuve ses membres envers leur pays, surtout en ces temps difficiles de pandémie. Notre diaspora n’est pas seulement une source de revenus en devises, mais aussi une source inépuisable de compétences, d’expertise, de contacts, de réseaux et d’opportunités de partenariats fructueux pour notre pays»

«La diaspora tunisienne enregistre un investissement productif estimé à 1,7% du PIB en 2019 et 10% de la formation brute de capital fixe (FBCF) en 2018. Leur part des dépenses de consommation représente 7,3% du revenu national brut (RNB) de 2018», a souligné M. El-Abassi, ajoutant que «la diaspora a contribué à préserver un niveau confortable de nos avoirs en devises en 2020. À un moment où les recettes touristiques ont enregistré une baisse drastique de 64% en raison du Covid-19, les revenus du travail ont augmenté de 8,7%.»

Tout en rappelant que 50% des Tunisiens résidant à l’étranger ont des comptes bancaires en devises ou en dinars en Tunisie, El-Abassi a ajouté que la BCT va œuvrer pour améliorer ce taux car 72% de ces citoyens effectuent des envois de fonds vers la Tunisie, d’où l’intérêt de pour l’accès aux systèmes bancaires.

«La BCT s’est pleinement engagée dans la démarche préconisée par l’étude pour mettre en place une loi de mobilisation de la diaspora, qui serait un ensemble d’axes stratégiques, de mesures et de bénéfices pour la diaspora, ainsi que les modalités de leur mise en œuvre», a conclu M. El-Abassi.

Source : Tap.

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