Alors que le port de Radès, pris en otages par des lobbys d’intérêt, continue de résister à toute tentative sérieuse de réforme, le projet de port en eaux profondes d’Enfidha, censé régler les problèmes de logistique auxquels sont confrontés les opérateurs économiques, ne semble pas prendre le chemin de la réalisation.
En effet, de ce serpent de mer, on parle depuis au moins une quinzaine d’années, sans qu’on en voit ne fut-ce qu’un début de concrétisation. Et ce en raison des pesanteurs politiques et des résistances bureaucratiques.
Selon Africa Intelligence (AI), les deux principaux marchés lancés par la Société de gestion du port d’Enfidha (SGPE), placée sous la tutelle du ministère des Transports, tardent à aboutir. Ainsi, la séance de sélection de la banque d’affaires et du bureau d’études chargés de promouvoir les futurs terminal à conteneurs et zone logistique à d’éventuels concessionnaires privés a-t-elle été reportée à septembre 2021, précise encore AI. C’est la septième fois que la SGPE prolonge cet appel d’offres, lancé début 2020, déplore les soumissionnaires, dont la banque d’affaires tunisiennes CAP Bank, alliée au cabinet d’ingénierie SCET Tunisie.
«L’ouverture des dossiers des groupements candidats à la maîtrise d’œuvre, qui devait initialement intervenir en décembre 2020, va aussi de report en report et est désormais – théoriquement – calée au 25 août prochain. Six groupements d’entreprise sont dans la course. Bouygues et China Harbour Engineering Co (CHEC) seraient favoris, devant Eiffage et Vinci construction grands projets», écrit AI dans sa dernière livraison.
De quoi désespérer les opérateurs économiques les plus volontaires et les plus optimistes, dans le contexte de la crise sévissant dans le pays depuis 2011.
Pour rappel, Le complexe portuaire d’Enfidha à développer sur 3000 ha englobe le port avec ses composantes sur 1000 ha (prévus pour être réalisés sur 2 phases) et la zone économique et logistique sur 2000 ha.
Situé à 100 km de Tunis et à 170 km de Sfax par l’autoroute, ce port en eau profonde disposera d’un chenal d’accès d’une profondeur de 19 mètres. Actuellement, seule la réalisation du terminal à conteneurs en sa phase 1 est envisagée. Les travaux comprennent 2 étapes.
La première étape est prévue pour durer 3 ans. À son terme, elle portera la capacité de la plateforme à 1,2 M de conteneurs. La seconde étape, quant à elle, est prévue pour durer 2 ans et ajoutera une capacité supplémentaire de 400 000 conteneurs.
Le projet sera financé à hauteur de 60% par le secteur public, notamment pour les opérations de dragage, la construction des ouvrages de protection et le mur de quai. Les 40 % restants seront soutenus par le secteur privé pour les équipements et les aménagements/terrassements des terre-pleins.
I. B.
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