Pourquoi Ennahdha et Qalb Tounes demandent-ils le départ de Moez Lidinellah Mokaddem, directeur de cabinet du chef du gouvernement Hichem Mechichi, et son remplacement par Ridha Belhadj, le directeur exécutif du parti Al-Amal, fondé par Salma Elloumi ?
Par Imed Bahri
C’est ce qui a filtré, selon d’abondants commentaires sur les réseaux sociaux, de la réunion, hier, jeudi 8 juillet 2021, entre Rached Ghannouchi, président d’Ennahdha, Nabil Karoui, président de Qalb Tounes, et Hichem Mechichi, qui plus est, chez le dirigeant islamiste, à Riadh Andalous, au nord de l’Ariana. Cette information a sans doute été ébruitée par les concernés eux-mêmes comme une sorte de sonde pour jauger la réaction de la scène politique et de l’opinion publique en général à un pareil changement.
On veut à la Kasbah des hommes serviles et sans état d’âmes
Moez Lidinellah Mokaddem, comme la plupart des proches collaborateurs de Hichem Mechichi, est un diplômé de l’Ecole nationale d’administration (ENA). C’est un énarque qui a fait toute sa carrière dans l’administration publique et n’a pas d’appartenance politique connue. C’est donc un gestionnaire pur et dur, et c’est ce qui le rend particulièrement antipathique aux yeux de Rached Ghannouchi, Nabil Karoui et Seifeddine Makhlouf, les dirigeants des partis faisant partie du « coussin politique » de l’actuel chef du gouvernement. Ces derniers auraient aimé trouver, en face d’eux, au Palais de la Kasbah, un homme plus flexible et plus malléable et qui satisfasse au quart de tour leurs desideratas, au mépris des règlements, des procédures et des usages en vigueur dans l’administration publique.
En fait, Moez Lidinellah Mokaddem n’est pas un grand résistant devant l’Eternel. Il paierait plutôt pour… Hichem Mechichi, qui est passé maître dans l’art de se cacher, très courageusement, derrière ses collaborateurs pour ne pas assumer ses propres décisions pouvant braquer ceux qui le maintiennent en poste et qui ne cessent de faire pression sur lui pour qu’il réponde positivement à toutes leurs injonctions, notamment en matières de nominations à la tête des diverses fonctions aux divers niveaux de l’Etat.
Les Ghannouchi, Karoui et Makhlouf, les membres de la « troïka du malheur » qui gouverne actuellement la Tunisie, préfèrent placer l’un des leurs, Ridha Belhadj en l’occurrence, un ancien directeur de cabinet de l’ancien président Béji Caïd Essebsi, très proche de Nabil Karoui et qui a toujours collaboré étroitement avec les dirigeants d’Ennahdha.
La « troïka du malheur » tire les ficelles
Cet avocat de son état, qui adore défendre toutes les personnalités accusées de corruption, de Hafedh Caïd Essebsi à Nabil Karoui, en passant par Ghazi Karoui, Chafik Jarraya et autres Slim Riahi, présente, il est vrai, un profil plus conforme aux attentes de la « troïka du malheur ». Il ne risque pas, en tout cas, d’exprimer le moindre état d’âme dans l’exécution des basses besognes dont on ne manquerait pas de le charger.
Etant également un proche de l’homme d’affaires influent Kamel Eltaief, Ridha Belhadj est également soutenu par ce qu’on appelle des « groupes d’intérêt », à mi-chemin entre les milieux politiques, médiatiques et affairistes.
En fait, à travers les pressions pour le départ de Moez Lidinellah Mokaddem, la « troïka du malheur » cherche, surtout, à affaiblir davantage Hichem Mechichi pour en faire une marionnette plus malléable voire un quasi-torchon, l’homme ayant montré une grande disposition à servir, au mépris de tous les principes et de toutes les règles de bienséance.
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