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Tunisie : Silence, Ghannouchi, Karoui et Mechichi complotent !

Oussama Khelifi, président du bloc parlementaire de Qalb Tounes, nous a longtemps rebattu les oreilles à propos du présumé refus de son parti d’entrer dans ses querelles politiciennes et sur son soi-disant attachement aux priorités économiques, sociales et sanitaires des citoyens tunisiens. On avait de la peine à le croire, car c’était pire que de la démagogie, un gros mensonge du genre que ces girouettes politiques, sans foi ni loi, ne cessent d’encombrer les médias. La preuve n’a d’ailleurs pas tardé à nous être apportée.

Par Imed Bahri

En effet, depuis que son président Nabil Karoui a été mis en liberté provisoire, Qalb Tounes ne parle plus de problèmes économiques, sociaux et sanitaires, mais magouille du matin au soir pour imposer ses hommes dans les rouages de l’Etat, prélude à des manœuvres politiciennes visant à faire pression sur la magistrature pour assurer l’impunité au magnat de la publicité et de la télévision, qui est poursuivi en justice, avec son associé et frère, Ghazi Karoui, député Qalb Tounes, dans des affaires d’évasion fiscale, de corruption financière et de blanchiment d’argent.

C’est d’ailleurs dans ce cadre que s’inscrit la réunion avant-hier, 8 juillet 2021, entre Nabil Karoui, le chef du gouvernement Hichem Mechichi et le président du mouvement Ennahdha et président de l’Assemblée, Rached Ghannouchi, chez ce dernier, à Riadh Andalous, Ariana.

La pandémie de Covid-19 pourra attendre

Ce qui a filtré de cette réunion confirme que les questions économiques, sociales et sanitaires, qui préoccupent les Tunisiens, confrontés à une recrudescence de la pandémie de Covid-19 et à une crise étouffante des finances publiques, n’ont pas du tout été évoquées. On a surtout parlé des hauts responsables gouvernementaux à limoger et de ceux qui devront les remplacer. Des listes de personnalités issues des partis Ennahdha et Qalb Tounes ont aussi été présentées au chef du gouvernement pour qu’il procède à leurs nominations. Ce qu’il ne manquera pas de faire, sa servilité étant devenue la principale marque de son mandat.

Nabil Karoui et Rached Ghannouchi ne se contentent pas de faire des pressions amicales sur leur « marionnette » placée au Palais de la Kasbah pour qu’il satisfasse leurs désiderata (et Dieu sait s’ils en ont), ils savent qu’en menaçant clairement de le lâcher et de lui retirer la confiance de l’Assemblée, où ils sont assurés d’obtenir un vote majoritaire, ils peuvent obtenir davantage que ce qu’il leur a donné jusque-là. Davantage, c’est-à-dire tout ce qu’ils veulent…

Ces irresponsables mènent le pays dans le mur

Selon des indiscrétions rapportées par le chroniqueur Chakib Dérouiche sur IFM, hier, vendredi 9 juillet, les discussions entre les trois hommes étaient particulièrement violentes et heurtées, Karoui et Mechichi ayant, selon lui, échangé des mots grossiers (« au-dessous de la ceinture », avait-il dit), le président de Qalb Tounes exigeant du chef du gouvernement le limogeage de son chef de cabinet (et ancien collègue, diplômé comme lui de l’Ecole nationale d’administration) Moez Lidinellah Mokaddem, et la nomination du très sulfureux Ridha Belhadj, un proche de Karoui et l’un de ses avocats, au poste de ministre conseiller politique du chef du gouvernement. Une sorte d’œil de Moscou à la Kasbah qui, comme on le connaît, ne manquera pas d’étendre peu à peu son espace d’intervention pour englober… l’administration judiciaire.

Alors la pandémie de Covid-19 pourra continuer de tuer en Tunisie (hier on a enregistré un nouveau record de 189 morts et 8 506 nouveaux contaminés en 24 heures), les dirigeants du pays ont la tête ailleurs : c’est leurs têtes qu’ils cherchent, d’abord, à sauver, alors que l’étau du mécontentement populaire continue de se resserrer autour d’eux.

Parions qu’ils ne tarderont pas à mener le pays dans le mur (il y est presque déjà, puisqu’il est au bord de la cessation des paiements) et à… payer, enfin, eux-mêmes, pour tous leurs forfaits ! C’est tout le bien qu’on leur souhaite de tout cœur.

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