Les Etats-Unis, qui ont bombardé le bureau d’Al-Jazira à Bagdad et y ont tué un journaliste, le Jordanien Tareq Ayoub, s’émeuvent aujourd’hui parce que la Tunisie a juste fermé le bureau de cette chaîne, principal instrument de propagande des Frères musulmans. Il y a des postures dont l’hypocrisie et le ridicule trahissent… l’imposture.
Par Imed Bahri
Dans un communiqué publié par le département d’Etat, lundi 26 juillet 2021, à la suite de l’activation, la veille, de l’article 80 de la Constitution par le président de la république Kaïs Saïed, les Etats-Unis se sont dit «particulièrement troublés par les informations selon lesquelles les bureaux des médias ont été fermés et nous exhortons au respect scrupuleux de la liberté d’expression et d’autres droits civils», dans une allusion limpide à la fermeture du bureau de la chaîne qatarie Al-Jazira à Tunis.
Etats-Unis ou la pseudo «démocratie» au service de la puissance
Les Etats-Unis, dont l’unique intérêt dans notre région est la sécurité d’Israël, et à un degré moindre ses richesses pétrolières, sont très forts quand ils se drapent de leur bonne conscience de puissance démocratique, d’ailleurs plus puissance que démocratique, et prennent la posture de donneurs de leçons, leçons dont ils ont davantage besoin que les petits pays qu’ils écrasent sous le poids de leurs puissance parfois déchaînée.
Ces mêmes Etats-Unis qui ont détruit l’Afghanistan et l’Irak, qui ont largement contribué à la destruction de la Syrie, du Yémen et de la Libye, et souvent en soutenant, sans état d’âme, des groupes terroristes islamistes, au prétexte de vouloir convertir à la démocratie les régimes en place dans ces pays, et qui, souvenons-nous, ont lancé une bombe, en 2003, sur le bureau d’Al-Jazira à Bagdad, tuant un journaliste, sans parler des nombreuses agressions contre les journalistes commises par leurs troupes déployées aux quatre coins de la planète, sans doute pour le bien et la prospérité des peuples qu’ils écrasent sous leurs bottes…
Les Etats-Unis et le «désordre créateur» dans le monde arabo-islamique
Ces mêmes Etats-Unis, dont les stratèges ont inventé le concept de «désordre créateur» à l’usage des seuls Arabes et des Musulmans, croient aujourd’hui pouvoir donner des leçons en matière de «liberté d’expression» à la petite Tunisie, qui n’a pas lancé de bombe sur le bureau d’une chaîne de télévision et qui n’a tué aucun journaliste, ni n’a empêché un opposant de faire des déclarations aux médias locaux et internationaux.
Tout de même, arrêtez de prendre les gens pour des idiots. Si les Etats-Unis, pour défendre leur sécurité intérieure (c’est l’argument qu’ils avaient évoqué à l’époque) ont lancé une bombe sur le bureau d’Al-Jazira à Bagdad, pourquoi la Tunisie, un pays très fragile et passant par une grave crise, n’a-t-elle pas le droit de fermer le bureau de cette même chaîne pour préserver la paix civile et la sécurité intérieure, qui plus est, à l’intérieur de ses propres frontières, et non dans un pays étranger, l’Irak en l’occurrence dans le cas de l’exemple déjà cité, d’autant que cette même chaîne, roulant depuis toujours pour les Frères musulmans et leur filiale tunisienne, Ennahdha, n’a cessé de diffuser des mensonges et des contre-vérités et de ne donner la parole qu’aux opposants à l’initiative constitutionnelle de Kaïs Saïed, au mépris des règles déontologiques, exigeant un minimum de neutralité dans le traitement de l’information?
Al-Jazira, une chaîne au service du chaos dans le monde arabe
Cela dit, les autorités tunisiennes auraient dû faire davantage que simplement fermer le bureau d’Al-Jazira, puisque ses journalistes continuent de travailler librement en Tunisie, et selon la même démarche complètement alignée sur les positions d’Ennahdha. Le bureau de la chaîne a été fermé parce que les autorités ont eu des preuves tangibles que son rôle n’est pas seulement médiatique et qu’il est utilisé comme une officine étrangère au service du mouvement islamiste international.
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