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Constitution de 2014 : ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain !

Souvenons-nous du sit-in Errahil durant l’automne 2013 au Bardo.

Que le président de la république Kaïs Saïed veuille corriger les apories de la constitution de 2014 et modifier les articles qui mettent en place l’organisation des pouvoirs, cela se comprend et est même nécessaire, mais dénigrer les efforts conjugués des députés démocrates et de la société civile quant à la préservation des libertés lors de l’élaboration de ce texte est inacceptable.

Par Rabâa Ben Achour *

La constitution de 2014 est minée, comme tous les terrains sur lesquels sont passés les islamistes. Il a fallu deux ans pour déminer la première mouture (juin 2011) qui visait à mettre en place un Etat théocratique.

Conspuée par les député(e)s démocrates, par la société civile, par les juristes modernistes, par les femmes de tout bord, que l’on réduisait à n’être plus que plus qu’une ombre, complément indispensable des hommes, la première mouture a fait l’objet d’importantes révisions. Souvenons-nous des milliers de manifestants qui ont battu le pavé durant les trois années !

Une première victoire sur les islamistes

Mais dans un terrain miné, les pièges ne se sont pas, hélas, toujours débusqués. Quoi qu’on en dise et n’en déplaise au président de la république, la constitution, dans sa version définitive, était, malgré ses faiblesses et la nécessité de les pallier, une première victoire sur les islamistes.

Le combat n’a pas été facile et la constitution de 2014 que le président de la république rejette d’un revers de la main, sans se donner la peine de rendre hommage à ceux qui se sont battus, au sein de l’Asemblée nationale constituante (ANC) ou dans les rues de Tunis, demeurera le meilleur témoignage de la lutte menée contre les islamistes. Oui, les contradictions que l’on relève chaque jour en sont les marques indélébiles.

La constitution de 2014 porte les stigmates de nos martyrs et personne ne pourra les effacer.

Que l’on veuille corriger les apories et modifier les articles qui mettent en place l’organisation des pouvoirs, est nécessaire, mais dénigrer les efforts conjugués des députés démocrates et de la société civile quant à la préservation des libertés est inacceptable.

Evitons de diviser le peuple !

La constitution de 1959 a été imposée, la constitution que l’on élabore, loin de tout regard – si constitution, il y a –, nous sera imposée. Seule la constitution de 2014, je le répète, en dépit de ses faiblesses, des apories et des pièges qu’elle comporte, est l’expression de la volonté d’un peuple, qui compte des conservateurs et des libéraux, des croyants, des agnostiques et des athées, des riches et des pauvres, des jeunes et des vieux.

Le peuple est un et indivisible. Le fractionner, monter les différentes catégories sociales les unes contre les autres, c’est poser les bases de la haine et de la violence.

* Enseignante universitaire et écrivaine.

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