Le retour de l’affaire Nabil Karoui sur les devants de l’actualité nationale et internationale (la fuite à l’étranger d’un ancien candidat à la présidence de la république n’est pas un fait anodin) ne manquera pas d’éclabousser tous les acteurs politiques tunisiens qui, dans un passé récent, ont traficoté avec le magnat de la publicité et de la télévision et de porter atteinte à l’image de la Tunisie dont la transition démocratique, hier donnée en exemple pour toute la région, est en train de dégénérer dans une totale gabegie.
Par Raouf Chatty *
Nabil Karoui, candidat malheureux à la présidence de la république en qui vient d’être arrêté à Tebessa, après avoir traversé illégalement la frontière entre la Tunisie et l’Algérie à commis une infraction de droit commun passible de poursuites judiciaires dans les deux pays. Il ne pourrait donc plus se prévaloir de son statut d’homme politique pour réclamer l’asile politique aux autorités algériennes. D’autant que tout le monde sait qu’il à maille à partir avec la justice dans des affaires de droit commun en Tunisie. Et qu’il avait été incarcéré par deux fois dans son pays dans le cadre de ses affaires judiciaires.
Affaires, affairisme et décadence
M. Karoui ne se rend pas compte du grand tort qu’il a porté aux Tunisiens, et pas seulement à ceux qui ont voté pour lui et qu’il a trahis, ainsi qu’à l’image de la Tunisie à l’étranger. En commettant cette infraction, il prouve qu’il a des choses à se reprocher. Autrement, pourquoi ressentir le besoin de quitter le territoire de cette manière, avec l’aide de contrebandiers infestant la zone frontalière entre les deux pays.
Le patron de Nessma TV, qui a été arrêté avec son frère, associé et complice Ghazi Karoui, se retrouve aujourd’hui au centre de l’actualité politique et médiatique en Tunisie, qu’il a souvent encombrée avec ses turpitudes, et en Algérie. Et contribue à salir davantage une classe politique, qui n’a jamais vraiment été irréprochable et qui peine sérieusement aujourd’hui à convaincre les Tunisiens de sa crédibilité.
Pis, il va constituer pour un moment un casse tête chinois pour la diplomatie et la justice en Tunisie, qui a demandé son extradition, et en Algérie, où l’on tient à le juger pour le délit commis sur son territoire.
La porte ouverte aux courants d’air étrangers
Le forfait du magnat de la publicité et de la télévision est d’autant plus grave qu’il va contribuer à ouvrir notre pays sur davantage de courants d’air étrangers au moment où il doit se serrer les coudes autour du président de la république et des forces patriotiques que compte la Tunisie pour aider le pays à sortir de ses crises endémiques et à retrouver sa place d’antan dans son environnement géopolitique régional et international.
* Ancien diplomate.
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