Les Tunisiens qui font peu de cas des avis des partenaires historiques de leur pays et invoquent la souveraineté nationale et la volonté populaire peuvent toujours compter sur eux-mêmes pour tirer leur pays de la crise dans laquelle l’a enfoncé une décennie de gouvernance calamiteuse et de pillage systématique avec la responsabilité sinon la complicité de la classe politique et des partenaires sociaux de tous bords.
Par Elyes Kasri *
Le communiqué commun publié par les ambassades des pays du G7 (Etats-Unis d’Amérique, France, Royaume Uni, Allemagne, Italie, Japon, Canada et Union Européenne) à Tunis, avant-hier, lundi 6 septembre 2021, le lendemain de la visite de la délégation parlementaire américaine à Tunis au cours de laquelle elle s’était entretenue avec le président Kais Saied, a été diffusé instantanément par les sept ambassades assorti de sa traduction arabe.
Une nation qui se veut souveraine compte sur ses propres moyens
Ce communiqué commun du G7 constitue la première conséquence de la visite de la délégation américaine et tend à dissiper les illusions autistes de certains en Tunisie sur la perception des grandes démocraties de la tournure des événements en Tunisie depuis le 25 juillet 2021 et l’annonce des mesures exceptionnelles par le président Saïed (limogeage du chef du gouvernement, gel de l’Assemblée, prise en main de la totalité du pouvoir exécutif par le président de la république et levée de l’immunité parlementaire des députés).
Ce communiqué sonne comme un avertissement collectif et public à prendre au sérieux et sans essayer de jouer sur la traduction ou les nuances diplomatiques entre ces partenaires incontournables de la Tunisie.
Ceux qui invoquent la souveraineté nationale et la volonté populaire peuvent toujours compter sur eux-mêmes pour tirer le pays de la crise dans laquelle l’a enfoncé une décennie de gouvernance calamiteuse et de pillage systématique avec la responsabilité sinon la complicité de la classe politique et des partenaires sociaux de tous bords.
Ne pas se bercer d’illusions et tirer les bons enseignements
En plus des manuels de droit, certains conseillers à la présidence de la république seraient bien avisés de tirer les enseignements de l’histoire politique moderne des pays occidentaux et de lire attentivement le grand stratège chinois Sun Tzu (544-496 Av J.C) qui avait dit dans son célèbre ouvrage « L’art de la guerre » : «Celui qui n’a pas clairement conscience de ses objectifs ne sait pas riposter à l’ennemi» ou encore : «Si vous êtes à la fois ignorant de l’ennemi et de vous-même, vous êtes sûr de vous trouver en péril à chaque bataille».
Il va sans dire que les pays du G7 ne sauraient être assimilés à des «ennemis», car ce sont tous des partenaires historiques de la Tunisie que notre pays a souvent compté, et pas seulement dans les moments difficiles, parmi ses plus importants soutiens et partenaires.
* Ancien ambassadeur.
Article lié :
Tunisie : la feuille de route du G7 pour Kaïs Saïed
Articles du même auteur dans Kapitalis :
La Tunisie doit œuvrer pour la désescalade entre l’Algérie et le Maroc
Tunisie : Les dommages collatéraux de l’affaire Béchir Akremi
Kaïs Saïed s’efforce de libérer la diplomatie tunisienne de l’emprise islamiste
Donnez votre avis