Si les partisans de Rached Ghannouchi et du parti Ennahdha ont eu du mal, dimanche 26 septembre 2021, à rassembler quelques milliers de manifestants contre le «coup d’Etat» du président de la république Kaïs Saïed, les partisans de ce dernier ont été des dizaines de milliers à investir les grandes artères des principales villes de la Tunisie (de Tunis à Tataouine, de Kasserine à Mahdia, du Kef à Gabès, de Tozeur à Sfax, de Monastir à Bizerte…) dès les premières heures de la matinée d’aujourd’hui, dimanche 3 octobre. Le ras-le-bol est massif et définitif…
Par Imed Bahri
L’avenue Habib Bourguiba, au centre-ville de Tunis, était noire de monde dès 9 heures du matin et les manifestants étaient de tous âges, jeunes et moins jeunes, femmes et hommes, et de toutes les catégories sociales et professionnelles. Peu d’acteurs politiques, d’activistes de la société civile et de professionnels de la protestation, mais beaucoup de citoyens anonymes, tous déterminés à en finir avec un système politique qui a dévoyé la révolution du 14 janvier 2011, l’a volée à ses véritables auteurs (les jeunes des régions et des quartiers populaires laissés-pour-compte) et l’a mise au service des mêmes lobbys d’intérêts et réseaux de corruption, transformant la Tunisie, en dix ans de clientélisme politique, de mauvaise gouvernance et de prévarications diverses, de pays pré-émergent sous la dictature de Ben Ali à un pays au bord de la banqueroute et qui survit aujourd’hui grâce à l’aide internationale.
Les slogans scandés par les manifestants sont, à cet égard, d’une saignante clarté : «Ghannouchi assassin!» ou encore «Ghannouchi tu es fini !», en référence au président du parti islamiste Ennahdha, au pouvoir dans le pays depuis 2011; «La Tunisie libérée, les partis dehors !»; «Le peuple veut la dissolution du parlement»; «Le peuple est attaché à la souveraineté nationale»; «C’est nous la véritable légalité», dans une réponse directe aux détracteurs de Kaïs Saïed, qui crient au putsch militaire et appellent à ce qu’ils considèrent comme la «légalité parlementaire».
Par la démonstration de force d’aujourd’hui, les partisans de Kaïs Saïed ont voulu prouver que les sondages d’opinion qui estiment le taux de popularité de ce dernier à plus de 90% n’ont pas tort, qu’ils sont déterminés à soutenir le président de la république dans le processus de réforme politique et institutionnelle qu’il est en train de mettre en route et à empêcher toute tentative de retour à la situation d’avant le 25-Juillet, quand bien même elle serait soutenue par les puissances étrangères comme les Etats-Unis et l’Union européenne, visiblement mal informées ou intoxiquées par leurs approches trop formalistes.
Et c’est là l’ultime objectif des manifestants : dire aux partenaires étrangers de la Tunisie qu’ils ont marre de la démocratie d’opérette mise en place depuis 2011 avec le soutien de ces mêmes partenaires et qui a renforcé la corruption, le clientélisme politique, la mauvaise gouvernance, la dilapidation des richesses du pays et sa dépendance vis-à-vis des lobbys d’intérêts et des puissances étrangères; et qu’ils sont déterminés à instaurer une vraie démocratie à l’écoute du peuple et soucieuse de ses intérêts vitaux.
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