Je souscris à l’appel lancé par de nombreux Tunisiens pour déchoir Moncef Marzouki, non pas seulement de son passeport diplomatique mais aussi de la nationalité tunisienne, qu’il a déshonorée par ses déclarations et ses actes hostiles à son pays, arrêter immédiatement le versement de ses indemnités de retraite d’ancien président non élu (mais imposé par Ennahdha) et le juger pour haute trahison. Voici mes arguments…
Par Moncef Kamoun *
«S’il vient à l’idée des extrémistes laïques de chercher à s’emparer du pouvoir, on dressera des potences et des guillotines et il n’y aura pas de sages, comme Moncef Marzouki, Mustapha Ben Jaafar ou Rached Ghannouchi pour prôner la modération, le dialogue ou la réconciliation nationale», déclarait Moncef Marzouki, l’ancien président provisoire, non élu mais désigné par le président Ennahdha qui a «occupé» le Palais de Carthage de janvier 2012 à décembre 2015.
C’était lors d’une visite à Doha, au Qatar, en septembre 2012. Il n’avait pas cru devoir respecter la règle d’or énoncée, 26 ans auparavant, par l’ancien président socialiste français François Mitterrand, qui déclarait, en juillet 1986, lors d’une conférence de presse à Moscou, en URSS, en réponse à la question d’un journaliste qui l’interrogeait sur la cohabitation avec le Premier ministre de droite Jacques Chirac et les tensions entre les deux chefs de l’exécutif français: «Je ne commente jamais la politique française à l’étranger». Ce n’était pas une simple pirouette ou une dérobade. Cette règle a été toujours respectée depuis par tous les chefs d’Etat français.
Il n’y a certes pas photo entre les deux hommes, et la carrière mitigée et controversée du Tunisien, comparée à celle du Français, ayant marqué l’histoire de son temps, en France et dans le monde, suffit pour taire toute discussion à ce sujet, sauf que la comparaison a été imposée par l’actualité de ces derniers jours.
Chassez le naturel, il revient au galop
Tout homme d’État est en effet soumis à une obligation de réserve sur l’actualité de son pays lorsqu’il est en voyage à l’étranger, mais des agitateurs comme Moncef Marzouki qui n’ont pas l’étoffe d’hommes d’État se montrent bavards, partout et en tout moment. La sagesse populaire ne dit-elle pas «Chassez le naturel, il revient au galop».
Moncef Marzouki essaie toujours de cacher ses motivations personnelles et de les envelopper dans un tissu de bonnes intentions, mais cela ne sert à rien puisque ce borné d’esprit a toujours été démasqué par ses collègues, même au temps où il présidait la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme (LTDH). Et pour cause, il appartient à cette catégorie de défenseurs des droits de l’homme dont il faut se méfier parce qu’ils confondent servir le peuple et se servir soi-même!
Ayant accédé à la présidence «provisoire» de la république grâce à ses employeurs de toujours, les islamistes d’Ennahdha, il a dévoyé la fonction présidentielle et fut un pitoyable «président». Il faisait vraiment de la peine à beaucoup, car il eut beaucoup de mal à se hisser au niveau de la fonction, et en énervait beaucoup d’autres par ses postures don-quichottesques, à la limite du ridicule.
Ayant terminé un mandat poussif et tumultueux qu’il a prolongé outre mesure, il eut d’abord l’idée d’abandonner la partie, mais il n’a pas tardé à être rattrapé par ses ambitions, participant aux présidentielles de 2014 et 2019, où il fut battu à plate couture par Béji Caïd Essebsi puis Kais Saied. Mais il en fallait plus pour le dissuader de poursuivre son ballet névrotique, en sacrifiant au populisme le plus primaire.
L’homme des combats perdus d’avance
M. Marzouki, qui ne dispose d’aucune assise populaire, a toujours cherché à regagner le soutien des islamistes, qui avaient fini par le jeter comme un kleenex utilisé et de lui vouer un mépris absolu. N’ont-ils pas soutenu, à deux reprises, en 2014 et 2019, Béji Caïd Essebsi et Kais Saied… contre lui ? Ils étaient toujours convaincus qu’il ne fait pas le poids, mais il était si servile qu’ils ont fini par l’adouber en 2011, faute de mieux et étant convaincus qu’il était un bon laquais, et, depuis l’annonce des «mesures exceptionnelles» par le président Saïed, le 25 juillet 2021, ils ont estimé qu’il pouvait encore servir… dans un autre combat perdu d’avance. Depuis, ils l’utilisent comme un bélier de combat et il se donne à son rôle avec une rare ferveur, au point que, pour plaire à ses anciens et probables futurs employeurs (c’est du moins ce qu’il espère), il eut l’idée d’appeler la France à retirer tout soutien à la Tunisie tant que Kaïs Saïed ne reviendrait pas sur ses «mesures exceptionnelles» et ne rétablisse pas l’Assemblée conduite par les islamistes. Et il l’a fait à partir de la capitale française où il vit depuis son départ de Tunis, en 2015, grâce à son salaire d’ex-président tunisien.
«La France démocratique ne peut être d’aucune façon à côté d’un régime dictatorial, c’est dans l’intérêt de la France et de la Tunisie que ce coup d’État raté se termine le plus vite possible. La France doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour fermer cette parenthèse… Je le dis et je le répète nous avons toujours été pour l’intégration d’un islamisme modéré parce que c’est la seule façon d’établir un régime démocratique», a lancé M. Marzouki, le 10 octobre dernier, relayé en direct par la chaîne Al-Jazeera du Qatar, son autre pays d’adoption aux générosités duquel il émarge depuis les années 2000. Il a même déclaré à la chaîne France 24 qu’il était fier d’avoir contribué à empêcher la tenue du Sommet de la Francophonie qui devait se tenir les 20 et 21 novembre prochain, à Djerba, en Tunisie, et a dû être reporté à une date indéfinie.
«L’organisation de ce sommet dans un pays qui connaît un coup d’État est un soutien à la dictature», a-t-il martelé, sans mesurer la teneur de ses propos, et surtout leur inexactitude, car dans une vraie dictature, il aurait eu beaucoup de mal à s’exprimer avec cette liberté et à voir ses propos relayés par tous les médias nationaux.
Il a déshonoré la nationalité tunisienne
La réponse des Tunisiens n’a pas tardé, qui l’ont remis à sa place, d’abord en maintenant leur ferme soutien au président Kaïs Saïed et à son projet de réforme du système politique vicié mis en place par les islamistes ayant mis leur pays au bord du chaos, ensuite en rafraîchissant la mémoire des amnésiques parmi eux en rappelant tous les torts que M. Marzouki a porté à la Tunisie durant son pitoyable mandat présidentiel, notamment la fermeture de l’ambassade de Tunisie en Syrie et le rapatriement de tout le personnel diplomatique en poste à Damas suite à la demande du Qatar; le renvoi en même temps de l’ambassadeur syrien en poste à Tunis, prélude à l’envoi de convois de jihadistes tunisiens dans ce pays; l’extradition en Libye de Baghdadi Mahmoudi, l’ancien Premier ministre de Kadhafi, qui a été livré à des groupes islamistes armés (une honte de la part d’un soi-disant militant pour les droits de l’homme); l’accueil à Tunis de la Conférence internationale des amis de la Syrie, à l’instigation des Etats-Unis, des Frères musulmans et du Qatar, pour étudier les moyens d’aider à la chute du président Bachar Al-Assad… Sans parler du tapis rouge déroulé au Palais de Carthage aux salafistes extrémistes et autres stupidités du même genre que les Tunisiens lui reprochent et n’oublieront jamais.
Pour toutes ces raisons, je n’hésite pas à souscrire à l’appel lancé pour déchoir Moncef Marzouki, non pas seulement de son passeport diplomatique mais aussi de la nationalité tunisienne, qu’il a déshonorée par ses déclarations et ses actes hostiles à son pays, arrêter immédiatement le versement de ses indemnités de retraite d’ancien président non élu et le juger pour haute trahison.
M.K Architecte.
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