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Tunisie : Dénonçons Kaïs Saïed sans soutenir Moncef Marzouki et les islamistes !

L’auteur explique dans cette note pourquoi il a refusé de signer une pétition qui dénonce le président de la république Kaïs Saïed, tout en soutenant l’ancien président par intérim Moncef Marzouki et les islamistes.

Par Mohamed Cherif Ferjani *

Je connais et je respecte l’engagement de beaucoup de nos ami(e)s signataires de la pétition de soutien à Moncef Marzouki, pour les droits humains, pour l’indépendance de la justice, pour la liberté d’expression, pour la démocratie… et pour d’autres causes pour lesquelles nous luttons ensemble depuis des décennies.

Cependant, il me semble important de distinguer dénonciation des injustices, des atteintes aux droits et du danger d’une évolution autoritaire inhérente à l’instauration d’un état d’exception, sans feuille de route et sans agenda, d’une part, et soutien à Moncef Marzouki, ou aux islamistes – ou, pourquoi pas, à Ben Ali et à ce qui reste de ses serviteurs – qui ont fait beaucoup de mal aux causes qui nous tiennent à cœur et au pays, d’autre part.

Personnellement, cette distinction a toujours été ma boussole dans mes combats contre les régimes de Bourguiba, de Ben Ali et des islamistes et leurs alliés-larbins. Je rappelle que j’ai dénoncé le danger que représente Kaïs Saïed et son projet avant son élection comme président et, malheureusement, mes craintes se sont avérées justifiées.

Je refuse d’avoir à choisir entre le soutenir lui ou soutenir ses adversaires qui ont montré qu’ils ne sont pas plus démocrates, ou plus respectueux de l’indépendance de la justice et des libertés, que lui.

Vous êtes libres, aujourd’hui, comme hier et demain, de ne pas tenir compte de la distinction que j’ai toujours rappelée, mais n’en tirez, pas, SVP, la conclusion que je vous dénigre ou que je soutiens Kaïs Saied. Ce serait une simplification préjudiciable pour notre amitié et pour ce que nous partageons.

Acceptons-nous les un(e)s les autres avec nos différences et nos divergences, et débattons en assumant nos positions sans tomber dans la facilité de déformer nos points de vue réciproques pour nous donner raison à bon compte.

* Professeur honoraire de l’Université Lyon 2, France.

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