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Sfax : comment en sommes-nous arrivés là?

Sfax croule aujourd’hui sous les déchets en décomposition qui s’entassent dans tous les coins de rues. La fermeture, il y a plus d’un mois, de la déchèterie de Agareb a entraîné l’entassement des ordures non levées par les agents municipaux un peu partout dans la ville, exposant ses habitants aux effets néfastes des matières en décomposition. Comment en sommes-nous arrivés là ? Et qu’attendent les autorités publiques pour agir ?

Par Moncef Kamoun *

Une simple visite suffit pour comprendre que la ville de Sfax a tout des grandes métropoles, l’industrie, le commerce, les services et surtout un esprit entrepreneurial qui fait sa particularité, mais la ville a toujours des difficultés pour oublier son passé et avancer.

La ville grouille en effet de monde, de l’aube à la après la fin de la journée, et la circulation n’en parlons pas, Il est même très difficile de circuler en voiture dans ses artères encombrés. Ceux qui la connaissent, ou qui y ont vécu un moment, comprendront sans doute de quoi je parle.

Une véritable jungle urbaine

A Sfax, les règles ne sont pas les mêmes que dans le reste de la Tunisie, elle est un monde à part! C’est une ville industrielle, industrieuse, commerciale, universitaire, médicale, etc. Seconde ville de la Tunisie, après la capitale Tunis, elle est la plus polluée avec tous les problèmes que cela entraîne. D’ailleurs, le simple fait de vivre à Sfax équivaudrait à fumer un paquet de cigarettes par jour.

J’en suis même arrivé à détester ma ville et à me demander si c’était la même que celle dans laquelle je suis né et j’ai passé la grande partie de ma vie. Dans cette jungle urbaine, la vie au quotidien demande énormément de patience et d’énergie.

En effet, cette ville donne le sentiment d’une grande violence, une violence muette, sournoise, qui pousse à une vigilance de tous les instants pour ne pas se faire écraser par une moto ou un camion. C’est la violence des gens qui ne respectent rien ni personne et qui font ce qu’ils veulent avec leurs camions, leurs voitures et leurs véhicules de toutes sortes. C’est surtout la violence des taxis que je trouve trop nombreux, trop vieux, trop encombrants…

Je me demande souvent comment sommes-nous arrivés à cette situation devenue invivable. Pourquoi les autorités de la ville se sont-elles dérobées à leurs responsabilités, laissant chacun se comporter exactement comme il l’entend? Comment ont-elles laissé faire au point qu’il était devenu normal de voir quatre personnes sur une seule moto? Comment a-t-on accepté, dans certains endroits de la ville, l’occupation de la chaussée par toutes sortes de commerces, avec même des produits alimentaires étalés à même le sol? N’était-il pas de notre devoir à tous tant que nous sommes, responsables et simples citoyens, de sensibiliser les gens aux règles élémentaires du vivre-ensemble et de les inciter à parquer leurs véhicules dans les endroits réservés à cet effet, à respecter le code de la route et à ne pas occuper anarchiquement l’espace public?

La goutte qui fait déborder le vase

Résultat : Sfax croule aujourd’hui sous les déchets en décomposition qui s’entassent dans tous les coins de rues. La fermeture, il y a plus d’un mois, de la déchèterie de Agareb a entraîné l’entassement des ordures non levées par les agents municipaux un peu partout à Sfax, exposant ses habitants aux effets néfastes des matières en décomposition.

En l’absence d’une solution alternative, les autorités municipales refusent de ramasser les ordures de la ville. N’ayant nulle part où les déverser, elles les brûlent sur place, augmentant la pollution atmosphérique avec des effets dévastateurs sur la santé des habitants. La situation en est devenue catastrophique, car les amas d’ordures attirent les mouches, provoquent des nuisances de toutes sortes et dégagent une odeur insupportable, au point que l’on parle désormais de catastrophe environnementale.

Sfax est sans gouverneur (préfet) depuis presque quatre mois. Qu’attend-on pour en nommer un ? Qu’attend le président de la république, Kais Saied, pour mettre fin à cette situation indigne des ambitions qu’il a pour le pays? C’est l’un des mystères du moment.

* MK Architecte.

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