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Télémédecine : le combat d’arrière-garde des médecins tunisiens

Les médecins tunisiens devraient évoluer avec la technologie plutôt que de se retrouver dépassés par elle. Ils se plaignent souvent du départ des jeunes médecins à l’étranger mais font beaucoup de chose (ou laissent faire beaucoup de choses) qui les y encouragent. **

Par Mustapha Mezghanni *

J’ai lu le communiqué du Conseil national de l’ordre des médecins (Cnom) tunisiens relatif à la télémédecine, et je ne suis pas d’accord avec presque tous les posts que j’ai lus.

Contrairement à ce que vous pensez et à ce que vous dites, comme le dit le Cnom, l’exercice de la télémédecine n’est pas légal en Tunisie et ce n’est pas que la faute du Cnom.

L’exercice de la télémédecine n’exige pas une autorisation préalable

La loi 2018-43 à la laquelle certains font référence a certes autorisé l’exercice de la télémédecine dans son premier alinéa, mais elle le conditionne, dans son alinéa 5, par la publication d’un décret, décret qui n’est jamais sorti et qui traîne dans les arcanes de la présidence du gouvernement.

Même quand ce décret sortira, il ne sera pas possible d’exercer la télémédecine, il faudra attendre des arrêtés ministériels détaillant comment se fera la télémédecine, arrêté propre à chaque domaine d’activité médicale. C’est ce qui figure dans ladite loi.

Maintenant, là où le Cnom pèche, c’est quand il annonce que l’exercice de la télémédecine nécessite une autorisation préalable. Comment peut-il soumettre une activité interdite par la loi, comme il le dit en première partie du communiqué, à autorisation? Il faut choisir entre activité interdite par les textes ou activité soumise à autorisation. On ne peut pas dire que l’activité est interdite et dire par la suite qu’elle est soumise à autorisation, à moins d’être mufti pour faire une fatwa et donner des autorisations pour des activités illégales.

La télémédecine permet de limiter les déserts médicaux

Je terminerai en faisant remarquer au CNOM que certains de ses membres font de la télémédecine alors qu’il n’en parle pas dans son communiqué. Il s’agit de certains médecins du secteur public car cela permet de limiter les déserts médicaux et d’apporter de l’assistance à des patients dans des régions où les équipements existent mais pas les médecins. Le CNOM serait-il d’accord avec une telle pratique dans le public et non dans le privé? La télémédecine dans le privé ne serait-elle pas de nature à apporter assistance à des patients et à sauver des vies comme cela est e cas dans le publics?

Surpris d’un tel communiqué de la part d’une corporation qui devrait évoluer avec la technologie plutôt que de se retrouver dépassée et qui se plaint du départ des jeunes médecins mais fait beaucoup de chose ou laisse faire beaucoup de choses, qui les y encouragent.

Personnellement, j’aurais préféré voir un communiqué du Cnom appelant le gouvernement et le ministère de la Santé à accélérer la publication des textes relatifs à l’exercice de la télémédecine.

Comme me l’a très bien fait remarquer mon ami Imed Elabed, répondre à un patient au téléphone et lui faire une «prescription» est de la télémédecine. Pourquoi est-ce que le Cnom ne le rappelle-t-il pas? Pourquoi n’exige-t-il pas de convention ratifiée pour une telle activité? Qui des membres du Cnom ne l’a pas déjà fait et ne continue-t-il pas à la faire?

* Ancien Pdg de Tunisie Tradenet et ancien conseiller de plusieurs ministres.

** Le titre est de la rédaction.

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