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Tunisie : La guerre perdue d’avance des anti-Saïed

Le drame des opposants au président de la république Kaïs Saïed réside dans le fait que leur impopularité n’a d’égal que la popularité de leur adversaire. En fait, ils ont beau avoir raison, peu de Tunisiens leur font confiance ou se laissent influencer par leurs opinions, où ils lisent surtout leur fourberie. C’est le cas de Ridha Belhadj, l’un des plus virulents opposant au locataire du palais de Carthage. Et des plus fourbes.

Par Imed Bahri

Commentant dans un post Facebook, ce matin, jeudi 23 décembre 2021, la condamnation par contumace de l’ancien président de la république Moncef Marzouki, à 4 ans de prison ferme avec exécution immédiate pour «atteinte à la sécurité de l’État», Ridha Belhadj, directeur exécutif du parti Al-Amal, a trouvé du grain à moudre pour dénoncer le «pouvoir absolu» du président Kaïs Saïed, qui avait proclamé, le 25 juillet dernier, «l’état d’exception» en vertu duquel il a gelé le parlement et la constitution, qu’il se donne désormais pour mission d’amender, et accaparé la totalité des pouvoirs.

«Il devient de plus en plus évident de jour en jour que ceux qui considéraient ce qui s’est passé le 25 juillet comme un mouvement correctif se sont trompés et que ce qui s’est réellement passé était un coup d’État au sens classique du terme. Toutes ces pratiques prouvent que Kaïs Saïed est en train d’installer une dictature avec un pouvoir individuel absolu», a écrit l’ancien secrétaire exécutif de Nidaa Tounes et directeur de cabinet de l’ancien président Béji Caïd Essebsi.

Post de Ridha Belhadj.

L’impossible union des forces opposées à Saïed

«Aujourd’hui, les choses sont claires et il n’est plus acceptable de continuer à parler d’un mouvement correctif. La situation est très grave, et le soulèvement de toutes les forces démocratiques, et en particulier les organisations de défense des droits de l’homme, qui tardent encore à se remettre de leur étourdissement depuis le 25 juillet, est devenu plus que nécessaire», a ajouté M. Belhadj, en appelant à «l’union de toutes les forces politiques opposées au coup d’État pour y mettre fin».

Lesquelles forces ont du mal, il est vrai, à parler d’une seule voix ou à resserrer leurs rangs face à un président de la république qui continue à caracoler en tête des personnalités politiques en qui les Tunisiens ont le plus confiance avec des taux approchant les 80%. Et pour cause : le parti islamiste Ennahdha, qui conduit la fronde anti-Saïed, n’est pas en odeur de sainteté auprès des autres forces, libérales, centristes ou de gauche, qui l’accusent d’être à l’origine de la grave crise où se morfond la Tunisie depuis 2011. Et M. Belhadj, pour s’être longtemps compromis avec ses «frères» islamistes a perdu lui-même toute crédibilité aux yeux d’une majorité de Tunisiens auprès de qui ses avertissements auront du mal à être entendus.

La fourberie de Ridha Belhadj et des anti-Saïed

C’est là, on l’a compris, le drame des anti-Saïed: leur impopularité n’a d’égal que la popularité de leur adversaire. Peu de gens leur font confiance ou se laissent influencer par leurs opinions, où ils lisent surtout leur fourberie.

Et comme exemple de fourberie, on prendra ce post de M. Belhadj où il fait semblant de croire que la condamnation de Moncef Marzouki a été dictée aux juges par le président Saïed, or, il est suffisamment futé pour savoir que cela est totalement faux, et que le chef de l’Etat ne cesse de se plaindre de la politisation excessive de la justice et de son refus de jouer son rôle sans calculs politiciens et en toute indépendance des partis politiques. L’analyste politique, qui saisit l’incongruité voire la stupidité de cette condamnation, pourrait penser, au contraire, qu’elle aurait peut-être été prononcée pour… ternir l’image du président, dont les relations avec les gros pontes du palais de justice sont exécrables.

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