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Ezzeddine Saïdane : «Y a-t-il encore une personne en Tunisie pour se soucier des intérêts de notre pays ?»

Enième sonnette d’alarme, énième coup de gueule, énième cri de désespoir de l’expert en économie Ezzeddine Saïdane qui n’en peut plus de voir la Tunisie «aller droit dans le mur.» Invité hier de ‘Rendez-vous 9’ d’Attessia, il a, encore une fois, remis l’ouvrage sur le métier pour expliquer, en des termes simples et connus de tous, que le temps presse et que le sauvetage de l’économie tunisienne a pris trop de retard. Vidéo.

Par Moncef Dhambri

Comme à son habitude, ce lundi soir 17 janvier 2022, l’économiste a parlé cash –et toujours avec les mêmes pertinence, souci pédagogique et ferveur de l’homme qui connaît son sujet.

Le boulet des sureffectifs de la fonction publique

Une fois de plus, il a déploré ce trop lourd fardeau du fonctionnariat imposé à l’Etat tunisien : aux 400.000 employés de l’Etat de 2010, la gestion malsaine des années post-14 janvier 2011 a ajouté 250.000 autres, soit une progression de près de 63%. «Et ce n’est pas tout, s’exclame Ezzeddine Saïdane, car il faut ajouter à ces 650.000 fonctionnaires le nombre d’agents des entreprises publiques, soit 150.000 employés –sans compter les armées d’employés des administrations locales ! En définitive, vous vous trouvez avec un véritable boulet auquel l’Etat n’a jamais osé toucher.»

Aucun gouvernement –et il y en a eu une bonne dizaine, depuis la révolution !– n’a eu le courage d’admettre l’obligation d’élaguer cette machine fonctionnariale qui engloutit le plus gros des ressources de l’Etat et laisse très peu de moyens à l’investissement, au développement, à la croissance et la véritable création d’emplois. «C’est ce qui explique, selon l’expert économique, que l’Etat, pendant les 10 dernières années, pour gérer ses affaires, a dû recourir à une vingtaine de lois des finances. Cette année aussi, il y aura certainement une 21e et une 22e lois des finances –vous pouvez en être sûr /…/ C’est pour cela que l’Etat a toujours été habité par cette avidité maladive d’emprunter, par cette obsessionnelle et frénétique recherche de créanciers. Il ne sait faire que s’endetter encore et encore…»

Les Tunisiens ont-ils abandonné leur pays?

Pour étayer son constat de banqueroute auquel nous assistons et l’incompétence de ceux qui dirigent les affaires du pays, Ezzeddine Saïdane s’appuie sur le récent rapport du dernier Forum économique mondial de Davos, qui consacre une partie de son travail aux risques auxquels la Tunisie est confrontée. L’expert a choisi d’inverser l’ordre de cette énumération du Forum, pour garder pour la fin la pire des cinq menaces qui pèsent sur l’économie tunisienne –c’est-à-dire un classement de la moindre à la plus grave. «Ainsi, dans l’ordre inverse, cela donne : en 5e position, la flambée de l’activité du secteur informel; en 4e position, le marasme économique; en 3e lieu, le chômage et la dégradation du niveau de vie des Tunisiens; en 2e place, la crise des endettements; et, en 1er lieu, et c’est le plus terrible, ce sera l’effondrement de l’Etat», assène sans détour l’économiste.

L’expert explique ce que cet «effondrement de l’Etat» pourrait impliquer : «Cela veut dire que l’édifice tout entier pourrait s’écrouler. Vous vous rendez compte de ce que représente pareille menace. Clairement, l’Etat tunisien, qui a été, depuis 1956, le plus précieux de nos acquis nationaux, risque de s’écrouler. C’est ce que nous disent nos partenaires à travers le monde.»

«Pourtant, se désole Ezzeddine Saïdane, ce rapport du Forum de Davos ne semble pas susciter le moindre intérêt, la moindre inquiétude auprès de nos décideurs…»

Et de s’interroger : «Dites-moi, s’il vous plaît, n’y a-t-il plus personne dans notre pays pour se soucier des intérêts de la Tunisie? Expliquez-moi ce qui se passe! Les Tunisiens, ont-ils abandonné leur pays? Ont-ils tous démissionné?»…

Pourriez-vous, chers lecteurs, aider M. Saïdane à comprendre? Ou faites-vous partie, vous aussi, de ces irresponsables et ces égoïstes qui vous gouvernent?

Vidéo.

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