Les forces syndicales de défense des règlements de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a organisé, jeudi 10 février 2022, à Tunis, une conférence de presse consacrée à clarifier sa position concernant le congrès électoral que l’organisation syndicale entend tenir les 16, 17 et 18 février dans la ville de Sfax.
Au cours de la conférence de presse, Mohamed Ali Boughdiri, secrétaire général adjoint de l’UGTT et l’un des dirigeants de cette organisation, a confirmé l’existence au sein de celle-ci d’un courant opposé à la convocation du congrès de Sfax, qui se réunira à une ambiance inadéquate et ne remplira pas les conditions démocratiques, pointant les divergences profondes qui divisent les syndicalistes et qui résultent de la transgression du statut de l’UGTT.
L’organisation syndicale a tenu en juillet dernier dans la ville de Sousse une conférence non électorale exceptionnelle au cours de laquelle la révision de l’article 20 du statut de l’Union a été approuvée, selon laquelle on a ouvert la possibilité aux membres du bureau exécutif national ayant terminé leurs deux mandats réglementaires de se représenter encore un fois pour le conseil exécutif.
Dans cette rencontre médiatique, au cours de laquelle un certain nombre de syndicalistes ont exprimé leur opposition à la tenue de la conférence de Sfax, Bougdiri a indiqué que le syndicat tire sa force de son statut, rédigé il y a des décennies, qui réglemente les relations entre ses structures et constitue un rempart infranchissable contre toute tentative d’infiltration dans l’organisation.
Boughdiri a estimé que l’objectif de la révision de l’article du statut est de permettre à l’actuel bureau exécutif de prolonger son bail pour un troisième mandat, ce qui, selon ses termes, porte atteinte aux règles démocratiques.
Boughdiri a aussi déclaré que la conférence tenue l’été dernier à Sousse était «illégale», la qualifiant de «putsch», et que les votes ont été manipulés par la politique d’exclusion et de passage en force suivie par le secrétaire général de l’UGTT Noureddine Taboubi et ses partisans. Il a considéré la révision de larticle 20 du statut comme une «véritable farce», doutant que la proposition de révision ait obtenu 96% des voix en raison de l’absence des voix des principaux syndicats qui s’en étaient retirés, a-t-il déclaré.
De son côté, l’ancien syndicaliste Kassem Afia a déclaré que le congrès de Djerba en 2002 a rejeté toute forme de prolongation des mandats, et cela a été soutenu par la base syndicale lors du congrès conférence de Monastir en 2006, et qu’il est inacceptable, selon lui, pour la Tunisie que l’UGTT s’écarte de la démocratie, qui représente une revendication fondamentale de la base ouvrière.
Kassem Afia a estimé que le comportement de l’actuel bureau exécutif et la politique du recours à la force menacent l’unité de l’organisation, et entacheront son histoire.
Il est à noter que le tribunal de première instance de Tunis a rejeté, mardi dernier, un recours en urgence déposé par des syndicalistes pour arrêter la conférence nationale du syndicat devant être organisée les 16, 17 et 18 février à Sfax.
I. B.
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