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Tunisie – réserves de devises : Les petits ruisseaux font les grandes rivières

Lettre ouverte à Madame la ministre des Finances… à propos de la règlementation de change tunisienne, qui est archaïque et dissuasive, pour les «petites gens» (les gros bonnets n’ont pas de problème à jongler avec les devises).

Par Samir Gharbi

«Les petits ruisseaux font les grandes rivières» est une expression attribuée au célèbre écrivain latin (italien), Ovide (né en 43 av. J.C. et mort en 17). Elle a été popularisée à la fin du 17e siècle par l’écrivain français Antoine Furetière (1619-1688).

Je vous cite cet adage millénaire parce qu’il s’applique parfaitement à la situation financière tunisienne actuelle où l’Etat est avide de devises… Vous connaissez bien les sources «classiques» de devises : exportations de marchandises et de services (dont le tourisme); apports de capitaux de l’extérieur, dont investissements, emprunts et transferts des Tunisiens de l’étranger…

Mais vous n’êtes pas sans savoir, Mme la Ministre, que la règlementation de change tunisienne est archaïque, dissuasive, pour les «petites gens» (les gros bonnets n’ont pas de problème à jongler avec les devises).

Mon sujet, ce sont les petites gens parmi les Tunisiens de l’étranger (TE), dont le nombre est en croissance rapide (plus de 2 millions en comptant les enfants et petits-enfants, de la 2e, 3e et 4e génération). Parmi cette vaste colonie, il y a des dizaines de milliers de personnes qui disposent de quelques centaines d’euros en épargne et qu’ils aimeraient bien déposer dans un compte spécial en Tunisie.

100 + 100 + 100 + … cela fera des «rivières de devises» qui entreraient dans le circuit bancaire officiel tunisien et alimenteraient nos réserves de change qui en ont tant besoin. Or, la règlementation actuelle «bureaucratique» impose aux TE déclarer, en arrivant à la douane, les 100 ou 200 ou 1 000 euros qu’ils amènent avec eux. Il ne s’agit pas de milliers d’euros ou de dollars, sommes qui doivent être déclarées comme dans la plupart des pays (lutte contre le blanchiment). Il s’agit de petites sommes qui restent dans la poche de nos TE à la fin de leur séjour et qui aimeraient ne pas les faire rapatrier, mais déposer comme dans un compte d’épargne en devises convertibles.

Ces comptes existent dans la loi, mais la loi oblige les TE à les alimenter par des virements bancaires ou par des déclarations à la douane. Or, les agents des douanes rechignent à enregistrer une somme de quelques centaines d’euros (inférieure à 1 000). Ils dissuadent souvent les TE…

Mais l’agent de la banque exige pour déposer les 100 euros dans le compte en devises la fameuse attestation douanière…

100 + 100 +100 euros entrent ainsi en Tunisie et ressortent… parce qu’ils n’ont pas été dépensés et qu’ils n’ont pas pu être déposés en banque…

Mme la Ministre, pourquoi ne pas autoriser les banques à accepter des «petites sommes» sans obligation de déclaration préalable à la douane ?

Vous pouvez, pour éviter des abus, plafonner les comptes d’épargne (exemple : maximum 5 000 ou 10 000 euros sur plusieurs années) et plafonner les versements uniques (exemple : 1 000 euros).

Ainsi, le réseau bancaire national pourrait récolter cette masse de devises, les canaliser dans des comptes spéciaux et les intégrer aux réserves de change de la Nation.

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