En réponse aux avocats qui ont pris d’assaut son bureau (dont Seifeddine Makhlouf) et brandi des slogans hostiles voire humiliants, le doyen de l’Ordre des avocats tunisiens, Ibrahim Bouderbala, a préféré dédramatiser les faits, en déclarant : «Je suis un père de famille. Si un ou deux de ses enfants perdent la raison, il ne peut les renier».
Me Bouderbala, qui parlait vendredi 3 février 2022, par téléphone, dans la Matinale de Shems FM du sit-in de protestation organisé hier, devant son bureau à Tunis, pour dénoncer sa réaction, jugée timide, après la mise en dépôt de son prédécesseur Me Abderrazak Kilani, par la tribunal militaire de Tunis, a expliqué: «Ce sont des avocats inscrits à l’Ordre des avocats, et je les traiterai comme un père avec des enfants qui ont fait des erreurs et ont déraillé.»
Me Bouderbala a confirmé que le Conseil de l’Ordre est une institution organisée et que les structures de la profession géreront l’affaire, ajoutant qu’une position collective sera prise concernant ce qui s’est passé.
Le doyen des avocats a ajouté que la profession d’avocat dispose de structures et de procédures qui sont respectées, soulignant que toutes les mesures juridiques nécessaires seront prises.
En ce qui concerne le mandat de dépôt émis contre Abdrrazek Kilani, Me Bouderbala a expliqué que le juge d’instruction n’a pas encore rendu de décision définitive et que Kilani est actuellement en détention préventive, tout en soulignant la position du Conseil de l’ordre et des avocats en général consiste à refuser les procès des civils devant les tribunaux militaires et en rappelant la nécessité de réviser la loi à ce propos.
Le pouvoir législatif et le précédent gouvernement en Tunisie auraient dû réviser la loi qui permet de traduire les civils devant le tribunal militaire, a encore souligné Me Bouderbala, lançant ainsi une pierre dans le jardin du parti islamiste Ennahdha et de ses alliés qui étaient au pouvoir en Tunisie, au parlement et au gouvernement, jusqu’au 25 juillet 2021, et qui n’ont rien fait pour changer cette loi scélérate.
Pour revenir à l’affaire Kilani proprement dit, le bâtonnier estime que son collègue avait agi dans le cadre de son activité politique, et non professionnelle, et il porte ainsi «le poids de son activisme politique», dans un allusion limpide à l’appartenance de Me Kilani au parti islamiste Ennahdha.
I. B.
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