Le nouveau président du Syndicat des magistrats tunisiens (SMT), Aymen Chtiba, a souligné ce matin, vendredi 11 mars 2022, lors d’un entretien téléphonique avec l’émission Matinale de Shems FM, que le STM œuvrera pour éloigner les magistrats et la magistrature des tensions ou conflits politiques.
Le président de la STM laisse entendre par là que ses collègues n’ont pas respecté, jusque-là, leur obligation de neutralité et d’indépendance vis-à-vis du pouvoir politique, qu’il s’agisse du gouvernement ou des partis. C’est d’ailleurs ce que leur reproche le président de la république Kaïs Saïed, se faisant ainsi l’écho d’un reproche récurrent qu’une majorité de Tunisiens ont toujours adressé aux magistrats et à leurs instances représentatives.
En affirmant que le STM n’a pas de réserves à l’égard du Conseil supérieur provisoire de la magistrature (CSPM), mis en place récemment par le président de la république, et en ajoutant qu’il va travailler étroitement avec cette instance, Aymen Chtiba laisse entendre que le STM ne regrette pas la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) par le président de la république, instance qui était très critiquée par beaucoup de magistrats, d’avocats et de justiciables pour l’alignement de certains de ses dirigeants sur des partis politiques et des groupes d’intérêts, ce qui contredit sa prétention à l’indépendance. Sans parler du laxisme qu’elle a montré à l’égard de certains gros pontes de la magistrature accusés de corruption.
M. Chtiba a également rappelé que la mission du pouvoir judiciaire est d’abord de rendre leurs droits aux justiciables, et celle du Syndicat des magistrats est de défendre les droits et les intérêts de ses membres, loin de toutes considérations politiques.
Ces déclarations traduisent la volonté d’une grande partie des magistrats, notamment les plus jeunes d’entre eux, de prendre leurs distances de certains de leurs aînés dont les dérives et les dérapages ont beaucoup desservi l’image de la justice auprès des justiciables. Elles traduisent aussi une volonté d’œuvrer, en concert avec les autorités publiques, pour assainir le système judiciaire, redorer son blason et le rétablir dans ses missions premières au service de l’imposition du droit.
I. B.
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