La tribune publiée ci-dessous se veut un droit de réponse de l’Organisation tunisienne des jeunes médecins (OTJM) à l’article intitulé «Tunisie : la colère malsaine des jeunes médecins» publié par Kapitalis le 16 mars 2022.
Dans une allocution faite à une radio privée le 14 mars 2022, le ministre de Santé a surpris tout le monde, et spécialement les jeunes médecins, par un projet de loi qu’il se propose de promulguer et qui oblige ces derniers à assurer une sorte de service national en surplus de l’année civile qu’ils ont déjà.
Cette déclaration tombe dans une phase où un nombre de plus en plus important de jeunes diplômés en médecine décide de quitter le navire pour aller travailler sous d’autres cieux.
L’émigration n’est pas un luxe pour les médecins
Plusieurs études ont été faites sur les intentions et les motifs d’émigration des jeunes médecins et aucune d’entre elles n’a cité l’absence d’un texte de loi. Le ministre, dans ce coup, a tiré hors cible et est sciemment en train d’encourager les jeunes médecins encore hésitants de trancher vers la voie de l’exode.
Je vous invite par la même occasion, cher ministre, à consulter la thèse de doctorat en médecine réalisée par Dr Ibrahim Ben Slama l’année dernière qui énumère les raisons profondes derrière cette décision effroyablement difficile. Laisser sa famille et ses amis et prendre l’itinéraire de l’émigration n’est point un luxe ou confort dont peut rêver un Sapiens.
Mais bon, laissez-moi abréger le chemin, selon la thèse, les motivations vers l’émigration étaient, essentiellement, l’insatisfaction concernant les perspectives professionnelles, le salaire médiocre, les opportunités de travail plus encourageantes à l’étranger, la situation socio-politique en Tunisie, l’éducation des enfants à l’étranger et le danger physique auquel est confronté le médecin au cours de sa pratique quotidienne.
Les solutions à la crise de la médecine en Tunisie
Pour que nous ne soyons pas taxés de nihilisme, on est là aussi pour donner des solutions, parce que nous aimons ce pays et nous voulons que les conditions s’améliorent, pour nous et pour les générations à venir.
Un renforcement des liens entre l’étudiant et le cadre académique, la réforme des conditions de travail, l’adaptationde la rémunération, le maintien des canaux de communication avec les médecins à l’étranger afin de créer un potentiel transfert scientifique et financier avec ces diasporas sont toutes des solutions qui peuvent arrêter l’hémorragie. Mais surtout pas un nouveau texte de loi.
Au final, et dans le cadre de cette vague de «nouvelles approches» par laquelle est emporté l’appareil exécutif tunisien, on conseille le cerveau politique du gouvernement d’arrêter l’éducation des langues allemande et française. Comme ça vous serez abrités à jamais de toutes intentions d’«évasion».
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