Pour Noureddine Taboubi, le tournant du 25 juillet 2021, soutenu par son organisation, en ce qu’il annonçait la rupture avec une période d’instabilité politique et de crise économique et sociale, a dévié de ses objectifs. Et le président Saïed, qui avait alors affirmé sa volonté d’organiser un dialogue national, doit tenir sa promesse et lancer ce dialogue au plus vite, avant qu’il ne soit trop tard, a-t-il déclaré. En laissant entendre que l’UGTT est prête à organiser ce dialogue.
Par Imed Bahri
Le secrétaire général l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), qui parlait dans une vidéo diffusée par la centrale syndicale à l’occasion du 1er mai, fête du travail, fait allusion aux mesures exceptionnelles décidées par le président de la république Kaïs Saïed, le 25 juillet 2021, à savoir le gel des activités de la Chambre des représentants du peuple (ARP) et le limogeage du Premier ministre Hichem Mechichi, ainsi qu’aux mesures ayant suivi au cours des derniers mois, notamment la dissolution de l’ARP et du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et l’introduction de changements importants dans la composition et les travaux de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie).
L’UGTT veut faire aboutir un vrai dialogue national
Noureddine Taboubi déplore «l’état actuel d’ambiguïté et d’exclusivité, qui ne fera qu’aggraver les problèmes du peuple et accélérer l’effondrement de l’Etat» et «l’accaparement du pouvoir et la promulgation unilatérale des lois», dans une critique limpide au président Saïed et sa propension à tout décider tout seul et sans concertation avec aucune partie. Mais il ne se contente pas de critiquer le cavalier seul du président Saïed, il donne aussi pour mission à l’UGTT de transformer les décisions du 25 juillet en un nouveau «processus» et de lui garantir le succès. Tout en soulignant l’importance de ce «dialogue de la dernière chance», le dirigeant syndical a mis l’accent sur l’importance de s’entendre sur ses objectifs, son cadre, ses axes, son calendrier et les parties qui y participeront.
«Aujourd’hui, les Tunisiens n’ont d’autre choix que de poursuivre sur la voie du dialogue, indépendamment des différends et des divergences d’opinions pour épargner à la Tunisie les crises, le chaos et l’instabilité», a-t-il déclaré.
Sortir de l’état d’hésitation et de manque de clarté
La Tunisie traverse une crise politique, économique, sociale et financière menaçant la stabilité de l’Etat et de ses institutions avec le risque d’un effondrement économique et financier sans précédent qui aura de graves implications sociales, a prévenu le SG de l’UGTT en réitérant son soutien aux décisions du 25 juillet, tout en formant l’espoir qu’elles sortiront la Tunisie de la situation déplorable à laquelle elle est confrontée.
Noureddine Taboubi a, dans ce contexte, appelé à la fin des mesures exceptionnelles et à la mise en place, de manière participative, d’un système politique et d’une loi électorale correspondant aux spécificités de la société tunisienne. Mais il a dit regretter que la position du président de la république soit marquée par une certaine «hésitation» et «un manque de clarté». Le président Saied a choisi d’organiser une consultation en ligne destinée essentiellement aux jeunes, mais cette consultation ne peut pas remplacer le dialogue national en tant que tel, a-t-il souligné.
Pour que le dialogue projeté ne soit pas une formalité, l’organisation syndicale insiste pour qu’il ne se déroule pas sur la base d’orientations préalablement fixées, mais avec l’apport actif des forces sociales et civiles, et ce afin que la Tunisie et son peuple puissent décider seuls de leur avenir. Bref, a encore insisté Taboubi, ce dialogue doit être une véritable occasion pour rassembler les forces de la nation autour d’un projet de redressement national.
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