Kamel Ben Messaoud, enseignant à la Faculté de droit et des sciences politiques de Tunis, a déclaré que «la légitimité populaire dont bénéficiait le président Kaïs Saïed s’est volatilisée».
Le juriste, qui intervenait, samedi 28 mai 2022, lors d’un colloque organisé par le Centre des études stratégiques sur le Maghreb, a estimé que le nouveau régime politique en Tunisie sera probablement présidentialiste dans lequel le président de la république concentrera tous les pouvoirs. «Ce sera un régime présidentialiste avec les risques d’une dérive autoritaire et une réduction des pouvoirs du gouvernement et du Parlement», a-t-il insisté.
Selon Kamel Ben Messaoud, le décret présidentiel 117 du 22 septembre relatif aux mesures exceptionnelles est «anticonstitutionnel». Ce texte est «une violation flagrante» de la Constitution. «Si la Cour constitutionnelle avait existé, Kaïs Saïed n’aurait pas pensé à activer l’article 80 de la Constitution», a-t-il dit, laissant entendre que les partis qui étaient au pouvoir jusqu’au 25 juillet dernier, à commercer par Ennahdha, ont empêché (ou retardé sciemment) l’institution de cette Cour, et ce pour avoir les coudées franches. Ils ont été en quelque sorte punis par où ils ont péché.
Pour Kamel Ben Messaoud, la légitimité populaire du président Kaïs Saïed reste faible. «Elle ne dépasse pas les 600 000 voix qui le soutiennent», par allusion aux citoyens qui ont répondu à sa consultation nationale numérique. Et d’ajouter que les voix qu’il a recueillies lors du second tour de la présidentielle en 2019 «ne reflètent pas réellement sa légitimité». Laisse-t-il entendre par là que beaucoup de citoyens n’ont pas voté pour lui, mais contre son adversaire, Nabil Karoui, le symbole de la corruption dans le pays ?
Aujourd’hui, en Tunisie, la majorité des personnalités politiques pense que «la légitimité populaire dont bénéficiait le président Saïed s’est volatilisée», a encore affirmé le juriste, ajoutant que «le président a perdu sa légitimité le 22 septembre 2021, lorsqu’il s’est approprié les pleins pouvoirs.» «Ses soutiens sont de moins en moins nombreux», a-t-il conclu.
I. B.
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