Eu égard la flambée des prix du blé sur le marché mondial et les grandes difficultés financières actuelles de la Tunisie, qui a du mal à boucler le financement de son budget pour l’exercice en cours, la préservation de la production nationale de blé requiert un intérêt particulier et une grande urgence.
Par Amine Ben Gamra *
La crise sanitaire puis l’agression militaire de l’Ukraine par la Russie ont suscité des pénuries dans différents secteurs – raz et pétrole, produits agricoles, transport, composants industriels… – qui ont fait exploser les prix sur le marché mondial.
Aujourd’hui, la Russie met à mal délibérément la sécurité alimentaire mondiale en empêchant les exportations céréalières de l’Ukraine dans le but de faire flamber les prix de blé et faire ainsi pression sur la communauté internationale, et notamment les pays membres de l’Alliance atlantique.
La flambée des prix risque de perdurer
Selon CNN, les autorités ukrainiennes ont estimé, plus tôt ce mois, que les forces russes dans les zones occupées avaient saisi plus de 400.000 tonnes de céréales. Les satellites de Planet ont aussi capturé des images d’un silo à grains détruit près de la ville de Rubizhne, et où étaient stockés 19.000 tonnes de blé et 8.500 tonnes de graines de tournesol, d’une valeur totale de 13 millions de dollars.
Pire encore, la Russie entrave les livraisons de céréales depuis l’Ukraine, tout en cherchant à favoriser ses alliés dont elle assure les approvisionnements agricoles.
La flambée des prix de blé qui est déjà une réalité risque de se poursuivre au cours des prochains mois et cela inquiète tous les gouvernements, et pas seulement ceux qui dépendent des importations pour assurer les besoins alimentaires de leurs populations, car elle alimente une hausse générale des prix, qui grève les budgets des Etats et des individus. Quant on sait que l’Ukraine et la Russie représentent un tiers des exportations mondiales de blé, on devine la pression que la guerre à l’extrémité orientale de l’Europe exerce sur l’alimentation mondiale et notamment des pays grands consommateurs des céréales comme la Tunisie.
Chercher des solutions de troc
Certains pays gros importateurs de céréales ont anticipé ce problème. C’est le cas de l’Egypte qui est en pourparlers avec l’Inde pour un accord blé contre engrais. Notre pays doit chercher des solutions similaires avec d’autres pays producteurs de céréales.
En Tunisie, outre les incendies dans les champs de blé, qu’on enregistre quasi-quotidiennement en cette période des moissons, on fait face aussi aux difficultés liées aux pertes post-récolte au niveau des différentes chaînes de collecte, de transport et de stockage, sans parler des contrebandiers qui sont à l’affût pour profiter de la hausse des prix des céréales sur le plan mondial en exportant illégalement vers l’Algérie et la Libye, une partie la récolte tunisienne.
Eu égard les grandes difficultés financières actuelles de notre pays, qui a du mal à boucler le financement de son budget pour l’exercice en cours, la préservation de la production nationale de blé requiert un intérêt particulier et une grande urgence, surtout que la Tunisie ne produit que 40% de ses besoins en céréales.
* Expert comptable, commissaire aux comptes, membre de l’Ordre des experts comptables de Tunisie.
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