A l’issue de la deuxième session de son conseil national, hier, samedi 3 septembre 2022, le mouvement Echaab a déclaré dans un communiqué publié à l’issue des travaux que les élections législatives anticipées du 17 décembre prochain «sont particulières et revêtent une importance nationale et historique et ne doivent pas être laissées au bon vouloir d’individus, aussi sincères que soient leurs intentions.»
Le parti de tendance nationaliste arabe critique ainsi à demi-mot le président de la république Kaïs Saïed, qui, fidèle à sa démarche unilatérale, est en train de superviser, dans le secret le plus total, la rédaction de la nouvelle loi électorale, sans prendre l’avis ni des partis politiques ni des acteurs de la société civile.
Le comité national du mouvement Echaab, qui a examiné la situation politique générale dans le pays, au lendemain de la ratification définitive de la nouvelle constitution et dans le contexte de la préparation des prochaines élections, a souligné que «malgré le succès obtenu lors du référendum sur la constitution, qui a représenté une rupture définitive avec le système de la décennie noire et une stabilisation du processus du 25 juillet, la situation générale dans le pays souffre toujours de troubles et d’instabilité.»
Le communiqué ajoute que cela est le résultat de «l’incapacité à trouver des solutions sérieuses et efficaces aux problèmes économiques et sociaux, en particulier à la lumière des crises internationales dont la Tunisie n’a pas été épargnée», ajoutant que «le citoyen ressent ces problèmes au quotidien à travers la détérioration de son pouvoir d’achat, la grave pénurie de certains produits et des situations de monopole, de spéculation et de manipulation des prix, en l’absence totale d’une approche réaliste et efficace qui réduirait la charge sur le grand public.»
Le mouvement Echaab estime que «le gouvernement actuel n’a pas prouvé qu’il est capable de faire mieux que tous les gouvernements qui se sont succédé au cours de la dernière décennie», ajoutant que, «malgré les rumeurs d’avancées sur la voie des négociations avec le Fonds monétaire international, la question reste préoccupante pour l’opinion publique ainsi que pour les forces politiques et sociales nationales, d’abord en raison du manque de transparence dans le discours du gouvernement sur le contenu, les conditions et les perspectives des négociations, et d’autre part, parce que l’expérience accumulée de notre peuple et de ses forces vives sur les prescriptions du FMI et leurs prix sociaux exorbitants nous font douter de la justesse des choix du gouvernement et de leurs conséquences.»
Le conseil national du mouvement Echaab a aussi indiqué dans son communiqué que «la confusion et la lenteur entourant la préparation de la nouvelle loi électorale ne sont nullement justifiées ni conformes à l’esprit du processus du 25 juillet et à ses enjeux, surtout à la lumière du refus du président de la république de toute formule participative dans la rédaction de cette loi, qui ne devrait pas se limiter aux aspects techniques du vote en tant que tel, mais englober aussi les aspects financiers, judiciaires et médiatiques.»
Le mouvement Echaab a aussi appelé à revoir les décrets-lois réglementant les activités des partis et des associations, notamment dans le domaine des élections, et de sanctionner tous ceux qui ont été reconnus coupables de crimes contre la patrie au cours de la décennie précédente, afin de «garantir l’émergence d’une scène politique et parlementaire qui rompt avec les pratiques qui avaient nui auparavant au processus politique.»
I. B.
Donnez votre avis