L’accord avec les services du Fonds monétaire international (FMI), au titre du Mécanisme élargi de crédit (MEC), d’environ 1,9 milliard de dollars, est favorable au lancement des réformes en Tunisie, même si le montant reste faible, a indiqué à l’agence Tap, l’économiste et ancien ministre du Commerce, Mohsen Hassan.
«Toutefois, la diplomatie tunisienne devra se mobiliser dans le cadre de la coopération bilatérale et multilatérale ainsi qu’auprès des institutions financières internationales» pour tenter d’obtenir d’autres financements, d’autant que «le montant du crédit, objet de l’accord annoncé samedi soir par le FMI, est faible au vu des besoins du pays».
«Même si les droits de tirage spéciaux (DTS) de la Tunisie auprès du FMI ne lui permettent pas d’obtenir plus de deux milliards de dollars, cet accord lui ouvrira les portes de financements extérieurs et lui permettra de lancer les réformes économiques et financières et partant de réduire, à l’avenir, la dépendance du pays aux institutions financières internationales et au financement étranger et d’atténuer les impacts de la crise économique», a encore déclaré Hassan. Et de rappeler que «ce montant sera débloqué sur 4 ans selon l’avancement du programme des réformes économiques, convenu entre les deux parties», une conditionnalité que les autorités de doivent pas perdre de vue.
Par ailleurs, «l’accord avec le FMI permettra à la Tunisie d’accéder à d’autres sources de financement (Banque mondiale, Banque africaine de développement, Banque islamique et autres bailleurs de fonds). Ces institutions attendaient le feu vert du fonds pour prêter à la Tunisie, qui cherche à sortir de sa crise financière et à rembourser ses crédits et honorer ses engagements».
L’ancien ministre s’est déclaré optimiste quant à l’approbation de cet accord par le conseil d’administration du FMI, en décembre 2022. A ce propos, il a souligné l’importance de mettre en œuvre la diplomatie économique pour faire du lobbying auprès des pays influents dans le CA du fonds, notamment les Etats-Unis, mais aussi, auprès des autres bailleurs de fonds et pays frères et amis, pour obtenir les financements nécessaires au pays.
S’agissant de la sortie sur le marché international, Hassan a estimé qu’il est difficile d’y recourir, même avec l’obtention de cet accord, vu la régression de la notation souveraine de la Tunisie. Cependant, il est possible de le faire moyennant une nouvelle garantie d’un Etat étranger.
Hassan a encore, mis l’accent sur «les efforts déployés par la délégation tunisienne à Washington, notamment la BCT qui a joué pleinement son rôle, à travers sa politique monétaire, en plus du rôle assumé en tant que conseiller du gouvernement dans cette mission difficile».
Cet accord ouvrira la porte au sauvetage économique et financier du pays, d’autant plus que les réformes font l’objet d’un consensus entre les autorités tunisiennes et les experts du FMI (réformes du système de compensation, de la fiscalité et des entreprises publiques), ainsi que d’autres réformes qui permettront d’ériger un nouveau modèle économique à même de pallier à une situation économique déplorable, résultant de problèmes structurels et ponctuels, dont notamment la guerre russo-ukrainienne et la crise du Covid-19).
En ce qui concerne l’impact social des réformes, Hassan a appelé le gouvernement à communiquer avec les citoyens et la société civile pour assurer la réussite de réformes qui seront douloureuses. A ce propos, il a souligné la nécessité pour le gouvernement d’élaborer, dès maintenant, des politiques permettant d’atténuer les répercussions sociales de telles mesures.
Pour ce qui est du système de compensation, l’économiste a considéré qu’il faut mettre en place une stratégie claire de transferts financiers au profit des catégories sociales à faibles revenus mais aussi une stratégie de mobilisation de ressources financières pour la restructuration des entreprises publiques.
D’après Tap.
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