Tunisie : le portrait au vitriol de Kaïs Saïed par Sghaier Zakraoui

Parlant des élections législatives anticipées du 17 décembre prochain, Sghaier Zakraoui a déclaré qu’elles seront un «non-événement». «Elles n’auront ni goût ni odeur pour les Tunisiens qui ont l’esprit ailleurs, d’autant que Kaïs Saïed a vidé cette échéance de tout intérêt». Vidéo.

Le chef du département du droit public à la Faculté de droit et des sciences politiques de Tunis, qui intervenait ce mercredi 9 novembre 2022 sur Shems, avait soutenu le président de la république lorsque ce dernier avait limogé le gouvernement Mechichi, gelé le parlement dominé par Ennahdha et proclamé l’Etat d’exception, le 25 juillet 2021, avant de devenir l’un de ses plus féroces critiques lorsque ce processus de rectification du processus politique a dégénéré en ce qu’il qualifie de «dérive autoritaire» et d’«aventure personnelle», en s’accaparant de tous les pouvoirs.

«Les Tunisiens ne vont pas participer à ces élections qui seront les plus faibles en termes de chiffres, parce que Kaïs Saïed a vidé cette échéance de tout contenu, d’autant qu’il n’y aura pas de concurrence», a expliqué le professeur de droit constitutionnel, en admettant que «le boycottage des élections par les grands partis a également contribué à cette situation».

«Avec une constitution et une loi électorale taillées sur mesure, nous avons dès maintenant des députés qui n’ont même pas été élus. Nous sommes devenus la risée du monde», a ajouté Sghaier Zakraoui, par allusion à la dizaine de candidats qui se présentent seuls dans leurs circonscriptions respectives et qui, en vertu de la nouvelle loi électorale, sont considérés comme élus, même sans recueillir une seule voix.

 Dans son réquisitoire contre le Kaïs Saïed, le professeur de droit affirme que le président de la république est «un extraterrestre venu à la politique. C’est un personnage atypique, qui se considère comme un prophète envoyé à l’humanité tout entière. Dans son discours messianique, le pouvoir lui est tombé du ciel comme un message divin».

Pour compléter ce portrait au vitriol,  Sghaier Zakraoui souligne que «Kaïs Saïed n’apporte aucune solution aux problèmes de la Tunisie. Il est plutôt son principal problème. Il ne sait pas parler à son peuple et quand il parle aux Tunisiens, il les divise, au lieu de les rassembler et de les unir comme est censé le faire tout président de la république. Et comme il cultive le mystère, les autres pays se méfient de lui. S’il reste jusqu’à 2024 (date de la fin de soin mandat, Ndlr), il n’y aura aucune amélioration de la situation dans le pays, il n’y aura pas d’investissements, ni intérieurs ni extérieurs, ni rééquilibrage des finances publiques. Et il aggravera l’isolement du pays dans le monde».

En guise de conclusion, le professeur de droit ose cette boutade qui rappelle l’issue fatale de tout pouvoir personnel: «Kaïs Saïed ne cesse de parler des sommets inatteignables («oulou chaheq»). Il connaîtra bientôt l’abîme de la chute».

I. B.

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