On reproche à Mohamed Abbou son passage brutal d’un fort soutien au président de la république, au lendemain de sa proclamation de l’état d’exception, le 25 juillet 2021, à une opposition totale à ce dernier. «Ce n’est pas nous qui avons changé, mais Kaïs Saïed», répond-il.
L’ancien ministre, qui a mis fin à ses activités politiques au lendemain de la chute du gouvernement Elyes Fakhfakh dont il était membre, a été l’invité de la Matinale de Shems FM.
En réponse à la question ci-haut, il a expliqué qu’il avait soutenu l’utilisation de l’article 80 de la constitution de 2014 pour dissoudre le gouvernement Hichem Mechichi et geler le parlement «parce que la situation était devenue intenable. On est arrivé à une étape où le gouvernement était complètement paralysé par les querelles politiques et où le climat général dans le pays s’était beaucoup détérioré et ne permettait plus la reprise des investissements. On ne créait plus de richesses et les hommes d’affaires subissaient le chantage de certains partis politiques, et pas seulement Ennahdha. Le recours à l’article 80 devenait nécessaire, mais il s’agissait, dans notre esprit, d’une parenthèse de trois à cinq mois avant de revenir à la normalité constitutionnelle et démocratique. Or, Kaïs Saïed a pris goût au pouvoir et s’est pris pour un leader. Il s’est mis à mettre en œuvre son projet politique personnel».
Selon Mohamed Abbou, c’est Kaïs Saïed qui a changé et qui a montré sa volonté de prendre en main la totalité des pouvoirs dans le pays dès le 22 septembre 2021, date à laquelle il avait promulgué le décret-loi n° 117. Et c’est depuis cette date, c’est-à-dire deux mois après la proclamation de l’état d’exception, que l’ancien président du parti Attayar a exprimé ses premières réserves vis-à-vis du projet politique du président de la république.
«Le problème n’est pas de changer de constitution ou de loi électorale. Car le problème ne réside pas dans les textes de loi, mais dans leur mise en œuvre par les hommes et les femmes. Il s’agit d’appliquer les lois et de respecter l’Etat de droit et d’institutions. On pourra créer autant de lois que l’on voudra, on ne changera pas le peuple qui est censé les appliquer», a expliqué Me Abbou, en lançant cette boutade : «Nous n’allons tout de même pas changer de peuple !»
I. B.
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