Une initiative de dialogue national conduite par des acteurs de la société civile pourra-t-elle prendre forme aujourd’hui en Tunisie pour aider à sortir le pays de l’impasse politique et de la crise socio-économique où elle s’enfonce chaque jour un peu plus ?
Par Imed Bahri
Cette question est d’autant plus légitime que la situation générale dans le pays a été au centre d’une réunion aujourd’hui, vendredi 23 décembre 2022, entre Noureddine Taboubi, le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), et Hatem Mzioul, Bâtonnier de l’ordre des avocats.
Selon Echaab News, organe de l’UGTT, la réunion a également abordé les causes de cette situation, en particulier après les résultats des récentes élections législatives, marquées par un taux d’abstention historique de plus de 90%, la détérioration de la situation socio-économique et l’absence d’une vision claire de l’avenir.
Concertation pour sauver la Tunisie
Selon la même source, Taboubi et Mziou ont convenu de poursuivre la concertation et la coordination pour sauver la Tunisie de toute dérive dangereuse.
Par son timing, cette réunion, tenue à un moment difficile de la vie du pays, marqué par une crise politique, économique et sociale, dont ni le pouvoir ni l’opposition ne détiennent les solutions, semble émaner d’une volonté commune des deux organisations de parvenir à un accord sur une initiative de dialogue national engageant la société civile dans une dynamique semblable à celle qui avait permis à la Tunisie, en 2014, de sortir de la crise politique, grâce au dialogue conduit par l’UGTT, le Conseil de l’ordre des avocats, la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) et l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica), et qui avait valu à ce quartet d’organisations nationales le prix Nobel de la paix en 2015.
Dialoguer avec qui et sur quelle base ?
Serait-il possible aujourd’hui, avec tout l’eau qui a coulé sous les ponts, de réaliser la même prouesse politique sept ans après ? Ce dialogue à deux sera-t-il élargi à d’autres acteurs de la scène nationale, notamment la LTDH et l’Utica ? Le pouvoir, incarné par le président de la république Kaïs Saïed, qui a toujours été fermé à tout dialogue, et l’opposition, avec ses différentes composantes, y seront-ils associés eux aussi, et comment ?
Il est prématuré de répondre à ces questions, mais toute initiative pour sortir le pays de l’impasse actuelle est sans doute la bienvenue, car il est devenu évident que ni Kaïs Saïed, qui s’enferre dans la voie sans issue du pouvoir personnel, ni ses opposants, qui sont à court d’idées et de programmes, ne possèdent aujourd’hui les clés du salut.
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