En Tunisie, l’Etat devient trop coûteux pour les contribuables, d’autant plus que ses dépenses augmentent d’une année à une autre, alors que ses performances régressent tout autant, ce dont témoigne la dégradation continue des services publics : éducation, santé, transport, administration, etc. Jusqu’où va se poursuivre cette descente en enfer ? La preuve par les chiffres… (Palais du gouvernement à Tunis : ils s’enrichissent en nous appauvrissant).
Par Imed Bahri
Le gouvernement s’est engagé au titre de la loi des finances 2023 à dépenser 56,7 milliards de dinars, dont seulement 6 milliards de dinars pour des investissements publics qui pourraient ne jamais voir le jour, le budget d’investissement prévu dans les textes des lois de finances étant souvent, au cours des dernières années, transféré pour payer les salaires d’une armée de fonctionnaires, parfois inutiles et, en tout cas, inefficaces.
Selon la répartition des dépenses du budget de l’Etat au titre de l’année 2023, près de 22,7 milliards de dinars (près de la moitié) ont été consacrés aux seuls salaires, sachant que le nombre total des agents sera de près de 658 911, dont 206 303 relevant du seul ministère de l’Education, qui gère le secteur le plus délabré et le moins productif du pays, ce dont témoigne le très bas niveau des élèves tunisiens dans tous les classements mondiaux.
Une stupide «démocrature»
Ce ministère, qui compte traditionnellement le plus grands nombre de jours de grève et de congé de maladie enregistrés chaque année, est à la tête de la liste des dépenses d’engagement pour 2023, avec près de 7,7 milliards de dinars, suivis par ceux de l’Industrie, de l’Energie et des Mines avec 5,9 milliards de dinars et de l’Intérieur avec 5,7 milliards de dinars.
Le gouvernement a aussi consacré des dépenses d’engagement de 3,9 milliards de dinars au ministère de la Défense nationale et de 3,6 milliards à la Santé.
Les dépenses d’engagement allouées à l’Assemblée des représentants du peuple s’établissent à 35 millions de dinars, celles de la Cour des comptes à 31 MDT, et celles de l’Instance supérieure indépendante pour les élections à 74 MDT, des «machins» censés veiller sur la bonne marche de la démocratie tunisienne. Et pour quel résultat ? Une représentation populaire décriée par l’écrasante majorité du peuple, ce dont témoigne le taux d’abstention aux législatives du 17 décembre courant, qui a atteint 92%.
Encore heureux que le gouvernement, par pudeur, n’a pas prévu de budget pour le Conseil national des régions et des districts, que le président de la république Kaïs Saïed veut mettre en place, ainsi que pour le tribunal constitutionnel, deux autres «machins» dont, dans l’état actuel de la «démocrature» tunisienne, on ne voit ni l’utilité ni l’urgence.
En ce qui concerne les dépenses d’engagement de la présidence de la république, elles atteignent 190 MDT et celles de la présidence du gouvernement 253 MDT.
Pour ce qui est des autres ministères non cités ci-haut, leurs budgets s’établissent comme suit par ordre décroissant : Agriculture : 2,9 milliards de dinars; Commerce : 2,6 milliards; Enseignement supérieur : 2,2 milliards; Finances : 1,1 milliard; Justice : 990 MDT; Formation et Emploi : 990 MDT; Economie et de la planification : 930 MDT; Affaires étrangères (330 MDT); Technologie de la communication : 315 MDT; Affaires religieuses : 178 MDT; Tourisme : 174 MDT; Domaines de l’Etat : 82 MDT.
une armée mexicaine
Une comparaison suffit à prouver la mauvaise gouvernance dont notre pays est accablé depuis la «révolution» de 2011 : le budget total de l’Etat s’élevait à seulement 18 milliards de dinars en 2010, soit le dernier exercice du dictateur Ben Ali, réputé grand kleptocrate devant l’Eternel, alors qu’un montant de 22,7 milliards de dinars est consacré aux seuls salaires dans la loi de finances 2023.
La corruption en Tunisie a peut-être changé de forme, mais elle s’est visiblement aggravée, car que penser d’une armée de fonctionnaires dont une majorité de bras cassés, de bons à rien et de fainéants, sinon qu’ils sont des corrompus ?
Un Etat au bord de la faillite, comme celui de la Tunisie actuelle, est censé baisser ses dépenses de fonctionnement. Or, il est en train de faire exactement le contraire en faisant carrément exploser son budget de fonctionnement. Mais d’où apporte-t-il l’argent qu’il dépense avec une telle largesse ? Il emprunte à l’étranger, nous endette et hypothèque l’avenir de nos enfants. Il fait aussi trimer la bête, et la bête, vous l’avez compris, ce sont nous, les «gentils» contribuables qui acceptent de se faire encore gruger par cette armée mexicaine qu’est devenue l’administration tunisienne.
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