Moez Hadidane : «La hausse du taux d’intérêt ne freinera pas l’inflation»

Moez Hadidane a déclaré que la décision de la Banque centrale de Tunisie (BCT) de relever une nouvelle fois le taux d’intérêt directeur était très attendue en raison du taux d’inflation élevé, mais elle n’aura pas l’efficacité espérée, et pourra même avoir des répercussions négatives sur les emprunts et les investissements.

L’expert en économie et marchés financiers, interrogé par l’agence Tap, vendredi 30 décembre 2022, a déclaré que la décision du conseil d’administration (CA) de la BCT de relever le taux d’intérêt directeur à 8% va de soi, d’autant plus que le taux d’inflation pour le mois de novembre 2022 a augmenté à 9,8%.

La BCT cherche à réduire l’écart entre le taux d’inflation et l’ancien taux directeur, qui était au niveau de 7,25%, en approuvant une augmentation de 75 points de base, se rapprochant ainsi du taux d’inflation.

Le CA de la BCT aurait pu relever davantage le taux d’intérêt directeur de la banque, notant que cela figure parmi les rôles les plus importants de la BCT pour juguler l’inflation, en plus de la mise en œuvre des recommandations du Fonds monétaire, international (FMI), estime Hadidane, qui souligne que l’augmentation du taux d’intérêt directeur ne serait pas assez efficace, d’autant plus que l’inflation en Tunisie n’est pas due à la demande, mais est tirée par plusieurs autres facteurs, notamment le coût élevé de la production, les prix élevés de certains matériaux importés et la dépréciation du dinar. Il s’agit d’une inflation en grande partie importée contre laquelle cette mesure monétaire ne pourra rien.

Hadidane a noté que l’augmentation de ce pourcentage aura un impact négatif sur les entreprises économiques et les personnes physiques à court terme, plus que sur la lutte contre l’inflation, actuelle et à venir, qui est le but recherché par la BCT en augmentant le taux d’intérêt directeur de 75 points de base.

La BCT a opté pour une hausser de 75 points de base d’un coup, en anticipant la poursuite de l’inflation au cours de l’année 2023, et c’est une démarche volontariste de la part de l’institut d’émission.

Hadidan prévoit une augmentation du taux d’intérêt sur le marché monétaire, entrera en vigueur à partir de fin janvier et début février 2023, à un niveau d’environ 8% voire plus.

Le taux d’intérêt sur le marché monétaire aura des répercussions sur les entreprises qui ont des prêts bancaires et qui souffrent de difficultés de liquidité, compte tenu notamment des efforts de financement de l’État auprès des banques et de l’augmentation continue des impôts et des taxes.

L’État, à son tour, supportera une charge supplémentaire en augmentant significativement le taux d’intérêt lors de l’émission de bons du Trésor, qu’ils soient à moyen terme, compris entre 3 et 7 ans, ou à long terme, couvrant une période de 7 ans ou plus.

Hadidane a conclu en disant que l’augmentation du taux d’intérêt réduira la demande de prêts par les entreprises pour financer les opérations d’approvisionnement, ce que la BCT considère parmi les mesures contribuant à la réduction du déficit commercial et des importations, en plus d’être dans l’intérêt du dinar tunisien.

I. B. (avec Tap).

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