Tunisie: quels choix économiques face au stress hydrique ?

Investir dans la valorisation des ressources en eau, préserver la filière oléicole en tant que secteur stratégique et assurer un seuil de production agricole pour garantir la sécurité alimentaire, tels sont les choix économiques dictés par une étude de l’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE), rendue publique, vendredi 10 mars 2023, à Tunis, à l’occasion de la 7e édition du Forum économique de Tunisie (Tunisia Economic Forum).

Intitulée «Stress hydrique : choix économique et sécurité alimentaire», cette étude présentée par les universitaires Mokhtar Kouki et Raoudha Gafrej souligne l’importance d’investir davantage dans le secteur agricole et de protéger les productions phares de la Tunisie.

L’investissement dans le dessalement de l’eau de mer et l’exploitation d’une partie des eaux dessalées dans l’irrigation des oliveraies et des cultures céréalières générera une valeur ajoutée cinq fois plus que le coût investi, révèle cette étude. A titre d’exemple, un investissement de 3 dinars dans la valorisation d’un m3 d’eau pour irriguer le blé dur générera une valeur économique de 15 dinars /m3.

Réduire le gaspillage alimentaire

S’agissant de l’impact du stress hydrique sur la sécurité alimentaire, l’experte en gestion des ressources en eau, Raoudha Gafrej a souligné l’importance, pour un pays qui importe 50% de ses besoins en blé dur, de réduire le gaspillage alimentaire à tous les niveaux, depuis le champ jusqu’à l’assiette. Bien qu’elle soit capable d’assurer une production de blé dur pour satisfaire la demande sur le marché local, la Tunisie continue d’importer une grande quantité de cette denrée, utilisée pour la fabrication des pâtes, de la semoule et d’autres produits alimentaires de base.

Gafrej est revenue, dans ce contexte, sur le gaspillage du pain en Tunisie, évalué à 900 000 par jour, l’équivalent de 113.000 tonnes par an. En argent, ces pertes sont estimées à 100 millions de dinars (MD) par an et leur empreinte eau (eau virtuelle) est évaluée entre 170 à 180 Mm3.

L’experte recommande, ainsi, de sécuriser l’agriculture pluviale compte tenu de la conjoncture du changement climatique et son effet de sécheresse. Selon elle, le pays ne pourrait pas assurer sa sécurité alimentaire dans les prochaines années en misant seulement sur les précipitations pour irriguer les cultures à sec. «Il faut opter pour d’autres alternatives dont l’irrigation des cultures par les eaux non conventionnelles et réaliser une valeur ajoutée de l’agriculture irriguée, qui n’est actuellement que de 1/3 contre 2/3 pour l(agriculture pluviale», a indiqué Gafrej, qui a plaidé également en faveur de la sécurisation du capital olivier et amandier et d’en améliorer les rendements, à travers le recours à l’innovation technologique et l’agriculture de précision, une agriculture basée sur des techniques de gestion tenant compte de la variabilité temporelle et spatiale pour optimiser et pérenniser la production agricole.

Selon l’étude de l’IACE, l’amélioration et la stabilisation significative des rendements de l’olivier permettra de faire évoluer la moyenne de la production régionale de 600 kg/ha au Centre et 500 kg/ha au Sud à une tonne/ha/an.

Prévenir la pénurie d’eau

La Tunisie vit actuellement une situation critique en ce qui concerne la disponibilité des ressources en eau renouvelables sous l’effet de l’intensification des sécheresses. Avec une part de 355 m3 par habitant/par an, le pays est classé sous le seuil de pénurie d’eau absolue, estimé dans l’étude de l’IACE à 500m3/par habitant/an.

L’étude fait également état de difficultés à satisfaire les besoins en eau des différents secteurs, face à une baisse de production et une forte dépendance de l’extérieur, notamment en ce qui concerne le blé tendre et l’orge, ce qui met en péril le capital de l’agriculture pluviale.

D’après Tap.

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